Principauté à vendre ! Par Ricardo Montalban.
Sa majesté le prince Rinaldo III de Mötalkö vends au plus offrant !

L'annonce est claire : le prince lui-même l'a rédigée.

Quand Ricardo et Rinaldo prennent le thé...

  "Vends palais princier TBE 3954 pièces entièrement meublé, plus personnel, plus domestiques peu servis, plus peuple affamé - Prix à débattre - Accepte échange contre conapt sur la 5ème rue de new-old-new-york sur Rlix".

Cette annonce, glanée dans les pages de centaines de quotidiens et homéozines galactiques, est officielle : La principauté de Mötalkö est à vendre ! Croyant au canulard éhonté, j'ai personnellement vérifié la véracité des faits. Le prince Rinaldo III en est lui-même l'auteur. Etant un de mes amis depuis de longues années, son altesse princière m'a confié ses raisons au cours d'un petit entretien privé ; l'interview qui suit en est un résumé, et ne saurait en aucun cas relater la vérité (étiquette princière oblige). vous saurez certainement corriger de vous même.

Mötalkö, 22 heures - Intérieur jour.

Ricardo Montalban aime a dire qu'il est un chroniqueur mondain dans l'âme. Avec ironie, nous lui avons confié ce sujet, ce qui l'a profondément chagriné.

A droite: Le prince Rinaldo, complétant une biquinte flush au jeu de Madoüb. Toujours secondé par son fidèle Blouby, il erre en pyjama dans les immenses salles désormais désertes de son palais de plastique.

La principauté de Mötalkö s'étale sur une petite île de la planète océane Möth. Sans véritable rivale sur ce monde, elle se trouve seule isolée dans un système stellaire désertique.

  R.Montalban - Cher prince... Merci de me recevoir. Alors pour en venir tout de suite aux faits, je vous pose la question qui nous brûle à tous les lèvres : pourquoi vendez-vous votre principauté ?

Son altesse - Et bien Ricardo, il est évident qu'il s'agit avant tout d'un énorme problème d'argent ! L'état de mes finances est catastrophique, mes actions dans le sucre et la farine de smag sont en chute libre suite à la guerre des trois mondes ; de plus, comme si celà ne suffisait pas, j'ai été épinglé par la cour des comptes du quadrant delta pour abus de biens sociaux ! Vous vous rendez compte, accuser un monarque d'usurpateur social !

R.Montalban - Votre franc parler vous honore. Mais en allant plus loin, est-il vrai que le détournement des dernières récoltes de blé de la principauté aurait été orquestré par vos services secrets ? Je rappelle que la malnutrition de la population et première cause de mortalité sur l'île.

   
A droite: Le petit prince Jean-Louis posant devans les falaises de Striomse. Sa maladie de peau l'éloigne de la couronne, mais celà ne l'inquiète guère ; il se dit confiant dans l'avenir, n'ayant pas encore compris que la principauté n'existerait plus lorsqu'il aura obtenu l'age de régner.

La société archaïque de Mötalkö...

    Son altesse - C'est faux ! Les trois quart des réserves ont été empoisonnées au radium par une poignée de dissidents socialo-ftonquistes désormais passés par les armes. Je crois que mon ministre des affaires scabreuses a été suffisament clair à ce sujet.
   
On assiste à une montée des extrémismes violents au sein d'une population survoltée qui n'a plus rien à perdre.

Son altesse le Prince de Mötalkö est obligé de calmer le jeu pour pouvoir liquider son stock d'actions qui se meurt.

Les Grizoms sont les malvenus !

Quel prix ? Personne ne sait, excepté Blouby, le tarsier de son altesse.

Vite, la liste !

  R.Montalban - Revenons à la vente de la principauté. La population a-t'elle été entendue à ce sujet ? Si tel est le cas, qu'en pense-t'elle ?

Son altesse - La population est partagée à ce sujet. Une partie ne peut se résoudre à accepter ma situation financière, et se morfond dans de vagues manifestations de violence. Mais la plupart des gens compatit et m'encourage à déménager au plus vite. Il n'y a pas eu de référendum faute d'argent, mais mes nombreux indicateurs témoignent. La famine continue, vous l'avez dit. La violence gagne du terrain elle aussi. Tout le monde veut fuir, mais les frontières naturelles sont là. L'annonce est un espoir populaire intrinsèque.

R.Montalban - Et vous, quelle est votre position dans ce maëlstrom infernal, résumé inexorable de la chute d'une civilisation ?

Son altesse - Je pense que votre lyrisme vous emporte. Je vous concède que la situation est grave. Mais il est autorisé de penser qu'un retournement de situation est possible. Et moi dans tout ça ? Mais Ricardo, que voulez-vous que je fasse ? J'ai une vie moi aussi. La vente de mes actions me prends tout mon temps, et il est impératif que je liquide mon stock d'options sur le groupe Vixtra "la céréale des gens heureux", que je maudis à jamais pour ce coup de jarnac du jeudi noir.

R.Montalban - A quel genre de retournement de situation faites vous allusion ?

Son altesse - Tout dépend, comme je vous l'ai dit, de l'annonce. Et donc de l'acheteur de la principauté. Il y a peu de chance que celà soit des Grizoms homophobes, puisqu'ils sont à sec eux aussi. Ce sera sans doute des investisseurs Fabériens privés, pour la plupart de pacifistes ultralibéraux sauvages ! Ahahah... Excusez-moi. De toute façon, je suis déjà en relation avec les plus offrant officiels, dont la liste des vingt premiers sera diffusée demain sur les canaux Mötalkiens.

   
A droite: Non loin du palais, la population. Affamée et transie, elle rêve du temps béni où l'actualité princière faisait encore son bonheur.

"Le petit prince Jean-Louis est un idiot irresponsable. Son indécrotable égocentrisme l'empêche de voir ce qui se passe autour de lui." Tel est l'étonnant commetaire de J.Gloink dans la Chronique de la Principauté d'hier.

Son futur boulot de prince lui passe sous le nez.

  R.Montalban - Il y a donc des espèces hostiles bien placées ?

Son altesse - Non, bien sûr ! Je plaisantais... Je vous l'ai dis, les Fabériens s'intéressent beaucoup aux formes de vie archaïques.

R.Montalban - Le petit prince Jean-Louis est-il conscient de la situation ?

Son altesse - Non. Le pauvre Jean-Louis est bien trop préoccupé par sa maladie de peau pour s'inquiéter de la famine du peuple ou de ma faillite.

R.Montalban - De quoi héritera-t'il ?

Son altesse - De mes dettes ! Plus sérieusement, Jean-Louis aura un titre purement honorifique, qu'il pourra quitter s'il le souhaite, pour mieux se réinsérer dans la vie active normale.

R.Montalban - On dit que vous ne sortez guère de votre palais de plastique, et que vous errez de pièces en pièces en pyjama, un sac de chips à la main...

 
     
"Quand il s'agit du pyjama du roi" disait le poète...

La philosophie de terroir encore d'actualité !

L'entretien privé se termine sur une note de scepticisme. Ricardo Montalban, dans son glisseur personnel, s'apperçoit qu'il ne retrouve pas sa gourmette en or.

  Son altesse - Il s'agit d'un pyjama Balmain Plaqué or ! Cette relique est la parure de nuit de ma dynastie ! Il n'y a rien de honteux à être habillé confortable. Je suis par contre un amateur de chips à l'ancienne, mais mon fidèle tarsier Blouby est toujours là pour me porter le sac.

R.Montalban - Pour finir, que pensez-vous de la phrase scandée à l'unisson dans les rues de Mötalkö : "Rinaldo aurait dût être plus fourmi que cigale ?

Son altesse - Et bien je ne suis pas amateur de philosophie de terroir, mais je vois ce que vous voulez me dire. Ricardo, je ne regrette pas de vendre cette populasse débile au plus offrant. Je souhaite bien du bonheur aux acheteurs Fabériens !

R.Montalban - Votre altesse, merci.

Son altesse - Je vous béni.

     

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