DOPAGE SPORTIF
par France Woodward et Nadia Legault
Sondage

 

Introduction

Depuis une dizaine d'années, la question du dopage sportif a connu une ampleur sans précédent, au point de transformer la représentation du sport dans l'imaginaire social et de faire partie des débats sociaux animant les controverses contemporaines. En témoignent les éléments suivants : le développement exceptionnel de la pharmacopée visant à améliorer les performances ou à cacher l'utilisation de substances défendues ; la multiplication des moyens et des structures visant à résoudre le problème (ex:contrôles en compétition); la judiciarisation croissante des rapports entre athlètes et institutions (ex:saga judiciaire de Butch Reynolds contre la Fédération internationale d'athlétisme amateur qui s'est soldée par un dédommagement de 27.3 millions de dollars pour l'athlète). Le dopage n'est plus une question restreinte au champs sportif ; les réactions du public incitent plutôt à croire que ce phénomène s'inscrit dans la sphère des débats sociaux contemporains relevant de l'éthique, tels ceux portant sur l'avortement, la pornographie ou la bioéthique.

 

SONDAGE AUPRÈS DES PARTICIPANTS DES FINALES DES JEUX DU QUÉBEC D'HIVER ET D'ÉtÉ

Le questionnaire était anonyne et comportait une dizaine de questions touchant : la consommation de substances défendues dans les sports, les facteurs de rejets à cette consommation, l'attitude face au dopage sportif et enfin, la consommation de drogue sociales.

Au total, 2 296 athlètes ont répondu au questionnaire, soit un taux de réponse de 65 % . L'échantillon est constitué de 55 % de garçons et de 45 % de filles, ce qui constitue une légère sur-représentation des garçons, car les Finales de ces Jeux comptent généralement autant de participants masculins que féminins. La moyenne d'âge des repondants est de 14.4 ans ; leur répartition selon les 25 sports touchés se trouve dans le tableau suivant


POURCENTAGE DES SPORTIFS
AYANT RÉPONDU SELON LEUR SPORT

Sport

Nombre

% de
l'échantillonage

COLLECTIFS

xxx

xxx

Baseball

127

6

Basket-ball

103

5

Curling

29

1

Handball

82

4

Hockey

165

7

Soccer

147

6

Softball

160

7

Voile

44

2

Volley-ball

7

0.3

INDIVIDUELS

xxx

xxx

Athlétisme

413

18

Cyclisme

96

4

Golf

51

2

Gymnastique
artistique

49

2

Haltérophilie

50

2

Nage
synchronisée

57

3

Natation

218

9

Patinage
artistique

63

3

Plongeon

28

1

Ski alpin

44

2

Ski nautique

35

2

Tir à l'arc

33

1

DUELS

xxx

xxx

Badmington

74

3

Karaté

63

3

Tennis

84

4

Tennis de table

72

3

NON
RÉPONSE

2

xxx

TOTAL

2 296

100




RÉSULTATS DU SONDAGE

Le nombre de jeunes athlètes qui reconnaissent avoir consommés des substances défendues est relativement peu élevé, soit 55 répondants ou 2.4 % des répondants.

C'est entre 15 et 17 ans que les athlètes semblent le plus sensibles à l'attrait du dopage. La répartition selon l'âge des répondants reconnaissant avoir consommé des substances défendues indique en effet que le plus haut taux, soit 4.4 % se retrouve chez les jeunes de 15 ans, suivi de 3.6 % à 16 ans et 3.3 % à 17 ans. La période centrale de l'adolescence, moment critique du besoin d'affirmation de l'identité, de goût du risque et de mise au défi des limites serait donc propice à l'essai de produits visant à modifier des qualités physiques susceptibles d'améliorer la performance.



POURCENTAGE DE DOPAGE SELON LE SPORT PRATIQUÉ

Enfin, les résultats ont confirmé que l'attrait pour le dopage semble plus marqué dans certains sports. Toutefois, la dimension culturelle introduit une variation à cet égard. En effet, le hockey se substitue ici au football qui avait été reconnu par les études américaines comme un sport à risque. Ainsi, 7.9 % des répondants pratiquant le hockey affirment avoir utilisé des substances défendues, soit le plus fort taux enregistré. Suivent le handball féminin avec 6.1 % et le cyclisme avec 5.2 %. Compte tenu des disqualifiquations et des scandales qui ont frappé les athlètes canadiens et québécois en athlétisme et en haltérophilie dans le cadre des Jeux Olympiques précédent le sondage, il fût peu étonnant de constater qu'aucun des répondants en haltérophilie n'a signifié avoir utilisé des produits défendus et que seulement 2.9 % des répondants en athlétisme l'ont avoué.


L'ATTITUDE FACE AU DOPAGE

Plus que le repérage du taux d'usagers, l'attitude face au dopage constituait un des centres d'intérêt majeurs de l'enquête. L'objectif était de sonder la réaction des athlètes face à différents arguments pouvant avoir un effet incitatif ou de rejet par rapport au dopage.



RÉSULTATS RELATIFS À L'ATTITUDE DE REJET FACE AU DOPAGE

1:Pas à mon niveau actuel, mais peut-être à un niveau plus élevé. RÉONSES:11.1 %.

2:Non, parce que j'aurais peur qu'on le découvre. RÉPONSES:16.1 %.

3:Non, il n'y a pas de produits pouvant améliorer ma performance. RÉPONSES:25.6 %.

4:Non, parce que ce n'est pas fair play. RÉPONSES:48.2 %.

5:Non, parce que je voudrais gagner par mes propres moyens. RÉPONSES:68.1 %

6:Non, je ne l'ai jamais fait et je ne le ferai jamais. RÉSULTATS:72.4 %.



RÉSULTATS RELATIFS A L' ATTITUDE FAVORABLE DU DOPAGE

1:Oui, même si ce produit pouvait nuire à ma santé. RÉSULTATS:1.5 %.

2:Oui, si d'autres athlètes dans mon sport en prennaient déjà. RÉSULTATS:2 %.

3:Oui, si mon entraîneur était d'accord. RÉSULTATS:3.5 %.

4:Oui, mais je voudrais que personne ne le sache. RÉSULTATS:3.5 %.

5:Pas à mon niveau, mais peut-être à un niveau plus élevé. RÉSULTATS:11.1 %. RÉSULTATS EN GROS


Les jeunes athlètes qui se présentent comme des inconditionnels du rejet constituent une portion importante des répondants:72.4 % ont coché l'énoncé: «JE NE L'AI JAMAIS FAIT ET JE NE LE FERAI JAMAIS». Toutefois, compte tenu du contexte actuel se voulant fortement répressif à l'endroit du dopage, ce pourcentage paraît moins élevé que celui virtuellement souhaité par la morale sportive. En contrepartie, il semblerait que 27.6 % des répondants demeurent ouverts à l'éventualité de faire usage de substances défendues pour améliorer leur performance.