L'un des sujets de débats pour lesquels les micropatrologistes (ou micropatriologistes)
semblent avoir un goût prononcé est la définition-même
du micro-État et de la micro-nation. Il est vrai que la notion de
micro-État n'est pas aussi évidente que l'on pourrait le
penser à première vue et une dérive du vocabulaire
est parfois curieusement entretenue par ceux qui ont la charge de vulgariser
la thématique micro-Étatique ou micro-nationale.
Pour définir un micro-État il convient d'abord de rappeler ce qu'est un État en tant que tel. La définition universellement acceptée de l'État peut se résumer comme suit : "nation (ou groupe de nations) organisée à l'intérieur d'un espace donné, soumise à un gouvernement et à des lois communes". Un État souverain sera "un État indépendant de toute subordination dans l'ordre international". Par commodité, nous emploierons le terme d'État dans son acception habituelle d'État souverain.
Un micro-État sera donc un très petit État et c'est ici que les difficultés commencent. Au dessous de quel seuil un État devient-il micro-État et quel élément constitutif de l'État doit-on prendre en compte sur le plan quantitatif pour déterminer son éventuelle requalification ?
Les Nations-Unies ont apporté une réponse, fort peut satisfaisante mais ayant le mérite d'exister : est considéré comme micro-État, selon la nomenclature de l'ONU, tout État dont la population est inférieure à un million et demi d'habitants. Nous disons que cette réponse est fort peu satisfaisante car elle se limite à prendre en compte l'élément constitutif de l'État le plus discutable sur le plan juridique, à savoir sa population.
Retenons néanmoins cette définition, ne serait-ce qu'à titre provisoire.
Il convient d'opérer une dernière distinction entre micro-État reconnu et micro-État non reconnu. On désignera par micro-État reconnu le micro-État dont la souveraineté internationale a été officiellement établie par voie de reconnaissances bilatérales ou multilatérales émanant d'autres acteurs de l'ordre public mondial. Le plus souvent, le micro-État reconnu est membre des Nations-Unies. Le micro-État non reconnu est, a contrario, le micro-État qui, tout en possédant l'ensemble des caractéristiques du micro-État reconnu, n'a pas (encore) obtenu le même statut officialisant sa position.
Précisons que la reconnaissance ou la non reconnaissance d'un micro-État (et il en va de même pour les États) est sans rapport avec sa validité : la reconnaissance d'un micro-État (ou d'un État) relève de l'opportunité politique alors que sa validité repose sur la réunion de critères objectifs. Hutt River (ou Taiwan) ne sont pas officiellement reconnus mais cela ne les empêchent pas d'exister !
Et la micro-nation ? La micro-nation sera une très petite nation, c'est-à-dire une collectivité humaine organisée, soumise le plus souvent à un gouvernement et à des lois communes mais hors d'un espace donné. La micro-nation n'évolue pas sur un territoire délimité et certaines d'entre elles récusent d'ailleurs toute revendication territoriale.
Pour en finir avec les confusions possibles, notons que sortent du champ d'investigation du micropatrologiste deux types d'entités qui sont parfois considérées à tort comme des micro-États ou des micro-nations : les dépendances d'État et les mouvements séparatistes.
Par dépendances d'État nous entendons des fractions de territoires nationaux géographiquement éloignées de leurs métropoles. Ainsi, les Département et Territoires français d'Outre-Mer ne peuvent en aucun cas être considérés comme des micro-États reconnus ou non reconnus. Les classer comme tels relève plus d'une approche politique que d'une observation objective.
Les mouvements séparatistes - qui peuvent prendre la forme apparente d'un État - ne sauraient également relever de la micropatrologie. La République Sahraouie n'est pas plus un État que ne le sont le Mouvement Savoisien ou le FLNC (mais elle peut le devenir, ceci est une autre histoire) ...