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Les 10 nouveaux membres de l'UE

Pologne: le plus grand des nouveaux pays de l'UE

La Pologne est de loin le plus grand des nouveaux membres de l'UE avec ses 38,3 millions d'habitants et ses 312.685 km2, mais sa taille en fait aussi le pays qui pose le plus de problèmes dans l'UE élargie.

Avec plus de 15 millions de citoyens vivant à la campagne, et parmi eux plus d'un tiers (5,5 millions) vivant de la terre, la Pologne arrive dans l'Union avec une agriculture archaïque qui peine à s'adapter aux règles de l'Union européenne.

Riche en charbon, la Pologne a aussi reçu en héritage des communistes une industrie lourde démesurée, avec des mines, des aciéries ou des chantiers navals malades faute d'être suffisamment compétitifs.

Mais grâce à sa taille, la Pologne a également au sein de la nouvelle UE une influence sans commune mesure avec celle des neuf autres nouveaux membres. Elle l'a montré lors des négociations d'adhésion et l'a encore prouvé lors des difficiles discussions sur le projet de constitution pour l'Europe.

Souvent blessée par l'Histoire, la Pologne cultive avec force une identité qui a dû survivre pendant des siècles aux ambitions de ses deux puissants voisins: l'Allemagne et la Russie.

Elle se souvient qu'en 1795 elle a disparu pour 130 ans de la carte de l'Europe, partagée entre la Russie, la Prusse et l'Autriche. Elle doit à sa religion catholique, sa langue et sa culture de ne pas avoir disparu.

Alors que l'Etat était anéanti, les Polonais étaient en Europe. Frédéric Chopin composait sa musique inspirée du folklore polonais, Marie Sklodowska-Curie travaillait à Paris. Joseph Korzeniowski-Conrad se mettait à écrire en anglais, Henryk Sienkiewicz recevait son prix Nobel de littérature bien avant ceux des poètes Czeslaw Milosz et Wislawa Szymborska.

"Si l'on a pu dire que la Pologne était en quelque sorte une invention littéraire, c'est que littéralement, sans littérature polonaise il n'y aurait pas aujourd'hui de Pologne", estime le critique littéraire franco-polonais Georges Lisowski.

En tant qu'Etat, la Pologne renaît par le Traité de Versailles en 1918 et arrête deux ans plus tard aux portes de Varsovie l'avancée des troupes bolchéviques sur l'Europe.

En 1939, elle est à nouveau partagée entre l'Allemagne et la Russie. Quelque six millions de Polonais ont trouvé la mort durant la Seconde Guerre mondiale. C'est le pays qui a perdu le pourcentage le plus important de sa population durant ces six années noires de l'Europe. La moitié d'entre eux étaient des juifs assassinés par les nazis dans des camps de la mort installés sur le sol polonais, comme à Auschwitz.

Au lendemain de la guerre, la Pologne est tombée sous la coupe de la Russie soviétique. Mais en 1980, après des grèves, le gouvernement accepta la création d'un syndicat indépendant, Solidarité, dirigé par un leader charismatique, Lech Walesa.

Solidarité, qui compta jusqu'à neuf millions de membres, avant l'imposition de la loi martiale fin 1981, a été un élément décisif dans la chute du communisme en Pologne et dans toute l'Europe de l'Est fin 1989.

L'élection de l'archevêque de Cracovie Karol Wojtyla à la tête de l'Eglise catholique en 1978, sous le nom de Jean Paul II, a également contribué à l'affaiblissement du communisme dans un pays qui compte 35 millions de catholiques (plus de 90% de la population) attachés à leurs traditions religieuses.

Jean Paul II est un héros national, dans un pays dont la foi n'a pas d'égal en Europe. S'il a imposé un tournant conservateur dans la politique sociale du pays (par exemple sur l'avortement), il a aussi contribué à assurer la victoire du Oui au référendum de juin sur l'entrée dans l'Union européenne, en plaidant pour l'adhésion à l'UE.

 

Malte devient le plus petit Etat de l'Europe élargie

 

Malte détrônera le Luxembourg le 1er mai pour devenir le plus petit Etat de l'Union européenne, mais n'entend pas pour autant se contenter d'un rôle de figurant dans la nouvelle Europe élargie.

La position géographique de l'archipel au centre de la Méditerranée, à égale distance de Gibraltar et de Port Saïd, en fait un intermédiaire de choix dans le rapprochement entre l'Europe et les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, notamment la Libye toute proche.

C'est le testament laissé par M. Eddie Fenech Adami, 70 ans et Premier ministre pendant près de 20 ans, qui a appelé son pays à "servir de point d'appui au dialogue euro méditerranéen", en quittant le pouvoir. Pour son successeur Lawrence Gonzi, un avocat de 50 ans, l'entrée dans l'Europe constitue une chance à saisir. "Devenir la pointe sud de l'Union européenne peut permettre de transformer Malte en un carrefour commercial, un +Tigre+ de la Méditerranée", estime-t-il.

Archipel d'une superficie de 316 km2, composé de trois îles (Malte, Gozo et Comino), la République de Malte sera le plus petit pays de l'UE, mais avec près de 390.000 habitants c'est un aussi un des plus densément peuplés au monde (1.488 habitants au km2 dans l'île de Malte proprement dite).

La proportion de voitures est également la plus forte de toute l'Union européenne, avec une voiture pour deux habitants. Située au carrefour de trois continents, à une centaine de km au sud de la Sicile, Malte a été colonisée ou occupée par les Phéniciens, les Romains, les Français et enfin les Britanniques ce qui explique la diversité de sa population. Elle a également été de 1530 jusqu'à la prise de l'île par Bonaparte en 1798, le siège de l'ordre de chevalerie des hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, plus connu sous le nom d'ordre souverain de Malte.

Colonie britannique depuis 1814, l'archipel a obtenu son indépendance en 1964. Son climat et son patrimoine historique en font une destination qui attire plus d'un million de touristes chaque année, en majorité d'Europe du Nord.

L'entrée de Malte dans l'Europe ne s'est pas faite sans difficultés. Sa demande d'adhésion avait été déposée en 1990, mais le processus a été stoppé par le travailliste Alfred Sant lorsqu'il était Premier ministre, de 1996 à 1998. M. Sant et les travaillistes estimaient que l'adhésion à l'UE augmenterait le chômage et l'immigration dans le pays.

Malte a d'ailleurs négocié âprement son billet d'entrée, n'obtenant pas moins de 77 dérogations allant de la reconnaissance de sa neutralité à un protocole spécifiant que l'avortement restera de la compétence stricte de Malte: ceci pour calmer les inquiétudes d'un pays profondément catholique, où l'avortement est interdit.

La plupart des dérogations concernent la protection des secteurs industriel et agricole de cet archipel, qui ne possède pas de ressources naturelles. Une des dérogations limite pendant 7 ans l'accès des ressortissants d'autres pays de l'UE au marché du travail maltais.

Nombreux sont ceux qui ont craint que Malte se prononce contre l'adhésion par crainte de perdre son identité dans une masse regroupant 25 pays et 450 millions de personnes. Mais M. Eddie Fenech Adami, partisan l'Europe, a gagné la bataille en remportant un référendum consultatif sur l'UE puis des élections législatives l'an dernier. C'est avec le sentiment du devoir accompli que ce vétéran de la politique maltaise a décidé de quitter ses fonctions, laissant la direction de son parti nationaliste et du pays à M. Gonzi.

A l'approche de l'échéance, le soutien pour l'entrée pour l'Europe a augmenté ces derniers mois. Le dernier eurobaromètre l'évalue à 65%, alors que pendant longtemps, partisans et adversaires ont été au coude à coude à Malte.

 

L'île de Chypre, un des conflits les plus insolubles en Europe


L'île méditerranéenne de Chypre, imprégnée par la mythologie grecque, riche en archéologie et paradis touristique, reste au coeur d'un des conflits les plus insolubles en Europe.

L'Union européenne va peser de tout son poids pour convaincre les deux communautés d'accepter le plan de réunification de leur île proposé par l'Onu, à temps pour permettre à Chypre d'entrer unifiée dans l'Union européenne le 1er mai. Le temps presse désormais pour régler ce problème vieux de trente ans, puisque les Chypriotes grecs et turcs devront se prononcer par référendums dès le 24 avril sur ce plan encore très controversé.

En cas de rejet au cours de ces référendums, seule la République de Chypre (sud, grecque) entrera dans l'UE le 1er mai, laissant la République turque de Chypre du Nord (RTCN) aux portes de l'Europe.

Occupé par plusieurs empires, dont le grec, l'ottoman et plus récemment, le britannique, Chypre a gagné son indépendance en 1960, et plongé dans un conflit ethnique trois ans plus tard. Plusieurs milliers de personnes ont été tuées ou déplacées au cours des violents affrontements ayant opposé la majorité chypriote-grecque à la minorité chypriote-turque, des villages ayant été saccagés et des églises et mosquées pillées.

A la suite d'un coup d'Etat d'ultranationalistes chypriotes-grecs soutenus par la junte au pouvoir à Athènes et souhaitant le rattachement à la Grèce, l'armée turque a occupé le nord en 1974, coupant l'île et sa capitale en deux. Depuis, la République de Chypre et la Turquie sont officiellement en état de guerre.

Trente ans plus tard, le tiers nord est toujours sous occupation turque et les efforts internationaux visant à parvenir à un accord entre les dirigeants des deux communautés pour une réunification de l'île n'ont pas abouti.

D'une superficie de 9.251 km2, Chypre compte plusieurs dizaines de milliers de soldats sur son territoire. Quelque 34.500 soldats turcs et chypriotes-turcs sont déployés sur la partie nord de l'île alors que plus de 12.000 militaires chypriotes-grecs et grecs sont dans le sud.

L'Onu maintient une force de 1.230 soldats alors que 4.200 soldats britanniques se trouvent sur deux bases souveraines dans le sud de l'île.

L'économie dans le sud chypriote-grec de l'île s'est épanouie depuis la guerre de 1974. Grâce à une économie construite sur un secteur extraterritorial en plein essor, sur la navigation et le tourisme de masse, le niveau de vie des Chypriotes-grecs est plus élevé que celui de citoyens de l'Union européenne en Grèce ou au Portugal.

Cependant, l'économie du nord est sinistrée après plusieurs années d'isolement et d'embargo international. Les secteurs de l'agriculture et du tourisme tentent avec les casinos, interdits dans le sud, de maintenir la petite économie du nord en vie.

Depuis la décision surprise de l'administration chypriote-turque de rouvrir en avril 2003 les points de passage entre les deux parties de l'île pour la première fois depuis 29 ans, quelque 10.000 Chypriotes-turcs passent tous les jours dans la partie sud pour y travailler.

La Ligne verte n'est plus ce qu'elle était jusqu'à il y a maintenant près de 12 mois. Les Chypriotes-grecs passent désormais dans le nord notamment pour visiter les maisons qu'ils ont été forcés de quitter et les Chypriotes-turcs font de même dans le sud.

 

La Hongrie, l'enfant terrible de l'ancien bloc communiste

La Hongrie, qui rejoindra le 1er mai l'Union européenne (UE), s'est dotée depuis la chute du communisme en 1989 d'une démocratie parlementaire et d'une économie de marché semblables à ceux des principaux pays occidentaux.

Situé au coeur de l'Europe centrale avec un territoire s'étendant jusqu'aux marches de l'Ukraine, cet ancien enfant terrible du bloc communiste, dont la révolution de 1956 avait été écrasée par les chars soviétiques, a complètement transformé son économie dont la structure de production s'est rapprochée des pays les plus développés.

Les services représentent près de 65% du produit intérieur brut, l'industrie 30% et l'agriculture les 5% restants. La Hongrie, qui a été l'un des pays les plus rapides à se réformer en Europe centrale, est le seul des dix entrants à réaliser un excédent commercial avec les Quinze.

L'économie hongroise est très largement privatisée (télécommunications, banques, télévision). Elle a bénéficié durant les années 1990 d'un flux important d'investissements directs étrangers et a, parmi les dix nouveaux pays membres, le taux de création de nouvelles entreprises le plus élevé.

Après les attaques spéculatives portées en 2003 contre le forint, la devise nationale, la Hongrie a reculé à 2008-10 son entrée dans la zone euro. Le pays est également le siège de plusieurs sociétés ayant essaimé à l'étranger, dont Mol (pétrole, gaz), OTP (banque) et Richter (produits pharmaceutiques).

Longtemps dominés par la dynastie autrichienne des Habsbourg et alliés des Allemands pendant les deux guerres mondiales, les Hongrois, qui appartiennent aux peuples finno-ougriens, considèrent leur entrée dans l'UE comme l'étape ultime de leur ancrage à l'Ouest.

Le gouvernement de centre-gauche du Premier ministre Peter Megdyessy considère que l'appartenance à l'UE contribuera à améliorer la situation des 3,5 millions de Hongrois de souche vivant dans les pays voisins (Slovaquie, Roumanie, Ukraine, Serbie-Montenegro et Croatie), qui témoignent d'un temps où la Hongrie de l'empire austro-hongrois était autrement plus vaste.

Plus récemment, la Hongrie s'est engagée en signant en janvier 2003, avec l'Espagne et le Royayme-Uni et d'autres pays de la "nouvelle Europe", une lettre soutenant la démarche du président George W. Bush pour une intervention armée américaine en Irak.

Mais, contrairement à la Pologne, Budapest n'a pas envoyé de soldats en Irak et a refusé de fermer l'ambassade irakienne à Budapest pendant la guerre. M. Medgyessy a ainsi veillé à assurer un équilibre entre politiques atlantique et européenne de son pays.

Pays du tokay, "roi des vins et vin des rois", la Hongrie a une longue et riche tradition culturelle. Elle a produit 13 prix Nobel, dont le prix Nobel de littérature 2002 Imre Kertesz, et fut le berceau de compositeurs tels Ferenc (Franz) Liszt, Zoltan Kodaly et Bela Bartok. C'est également en Hongrie qu'a été découverte la vitamine C et inventé le Rubik's cube.

La Slovénie, tête de pont de l'UE vers les Balkans

La Slovénie, petit pays de deux millions d'habitants blotti entre l'Autriche, l'Italie, la Hongrie et la Croatie qui rejoindra l'Union européenne (UE) le 1er mai, pourrait devenir la tête de pont de l'union élargie vers les Balkans.

Cette ancienne république de l'ex-Yougoslavie, indépendante depuis juin 1991, aspire à apporter à l'UE sa connaissance de la région et contribuer au processus de stabilisation politique et économique de l'Europe du sud-est qui, comme le démontre les récents affrontements entre Serbes et Albanais au Kosovo, est loin d'être acquis.

Le gouvernement de centre-gauche du Premier ministre Anton Rop considère en effet la stabilité du flanc sud de l'Europe et l'inclusion des pays de la région dans le processus d'intégration européenne comme relevant de l'intérêt national, un grand nombre de Slovènes ayant de la famille dans les pays voisins.

Vassalisée pendant plus de six siècles (1278-1918) par la dynastie autrichienne des Habsbourg et dominée pendant 72 ans par l'ex-fédération yougoslave dont elle fut la vache à lait économique et financière, la Slovénie, pays de Slaves catholiques, a réformé depuis treize ans avec succès son économie alors que ses voisins du Sud, Serbie, Bosnie et Croatie, se sont épuisés dans des guerres inter-ethniques.

Aujourd'hui, le pays, qui est entré parallèlement le 2 avril dans l'Otan, est considéré comme le bon élève de la nouvelle classe européenne et son revenu par habitant a rejoint ceux de la Grèce et du Portugal.

Dans son dernier rapport annuel publié en novembre, la Commission européenne avait adressé un satisfecit global à Ljubljana tout en relevant que l'ex-république yougoslave devait poursuivre ses réformes structurelles et la privatisation de son secteur financier, et garantir la liberté des services.

La stabilité politique et économique du pays a attiré près de 3 milliards d'euros d'investissements directs étrangers depuis 2002, sa dette publique ne représente que 30% du produit intérieur brut (soit très en dessous des 60% autorisés par les critères de Maastricht), l'inflation y est jugulée même si le taux de chômage dépasse la moyenne européenne.

La Slovénie, qui effectue déjà 60% des ses échanges avec les Quinze, veut en outre adopter l'euro dès 2005, contrairement à la plupart des nouveaux entrants qui se sont fixés l'horizon 2007-08.

Mais cette volonté la met en face d'un dilemme. Si elle adopte des politiques économiques lui permettant de rejoindre au plus vite la zone euro, elle devra remettre certaines réformes qui lui permettraient de stimuler son économie nationale.

Si elle accélère son développement économique pour rejoindre le plus rapidement possible les autres Etats membres de l'UE, elle risque de ne pas satisfaire tous les critères de Maastricht nécessaires à l'adoption de la devise européenne.

L'entrée de la Slovénie dans l'UE délimitera également la nouvelle frontière extérieure au sud-est de l'union, même si le pays ne rejoindra pas avant 2007 l'espace Schengen, cette zone d'États européens qui ont aboli les contrôles douaniers entre eux.

Un différend frontalier avec la Croatie dans la baie de Piran, sur l'Adriatique, qui assombrit les relations entre Ljubljana et Zagreb depuis onze ans, pourrait constituer un obstacle au rôle que la Slovénie entend jouer dans la région.

 

La Slovaquie, ancien cancre qui accumule les bonnes notes

Ancien cancre de l'Europe centrale post-communiste, la Slovaquie accumule depuis un an les bonnes notes des investisseurs internationaux grâce à une cure de réformes radicales mais douloureuses.

Enclavé entre l'Ukraine, la Pologne, la République tchèque, l'Autriche et la Hongrie, ce pays montagneux de 5,4 millions d'habitants n'a qu'un peu plus de onze ans d'existence, après une partition de l'ancienne Tchécoslovaquie au 1er janvier 1993.

Réunie à la Bohême et à la Moravie en 1918 lors de l'éclatement de l'empire austro-hongrois pour former un nouvel état tchécoslovaque, la Slovaquie a une histoire qui diffère assez de celle de son voisin tchèque.

Alors que les Tchèques ont longtemps été des vassaux de l'Autriche, les Slovaques étaient une minorité slave de la vaste Hongrie qui avait réussi à gagner un statut associé au sein de l'empire austro-hongrois. Il reste aujourd'hui plus de 500.000 Hongrois en Slovaquie, soit environ 10% de la population.

Si les Slovaques parlent une langue suffisamment proche du tchèque pour que les deux peuples se comprennent sans grand effort, ils sont beaucoup plus religieux que les Tchèques, majoritairement déchristianisés. Avec plus de 80% de catholiques, la Slovaquie est le pays le plus religieux de l'ancienne Europe communiste après la Pologne.

Après la chute du communisme, les nationalistes ont pris le pouvoir dans la partie slovaque de la Tchécoslovaquie. Faute de s'entendre sur la nature d'un Etat fédéral renouvelé, les gouvernements tchèque et slovaque ont décidé un divorce à l'amiable qui n'a pas été soumis à référendum. Les sondages de l'époque montraient qu'une majorité de citoyens des deux entités souhaitaient le maintien de la Tchécoslovaquie. Certains avaient encore en tête le souvenir de l'éphémère état fasciste slovaque (1939-1945), créé avec le soutien des nazis par le dictateur et prêtre catholique Jozef Tiso.

Après l'indépendance, le principal dirigeant nationaliste Vladimir Meciar a pris les rênes du pays. Mais ses dérives autocratiques et l'opacité de ses privatisations ont vite valu à la Slovaquie d'être tenue à l'écart par l'Otan et l'Union européenne.

En 1998, une vaste coalition anti-Meciar, allant de la droite chrétienne-démocrate à la gauche, a réussi à gagner les élections législatives. Fédérateur de formations hétéroclites, le Premier ministre Mikulas Dzurinda a pu rapprocher son pays des organisations euro-atlantiques.

En septembre 2002, lors des législatives, Mikulas Dzurinda a réussi à se maintenir au pouvoir, à la tête d'une coalition de droite beaucoup plus homogène. Son gouvernement s'est alors engagé dans une série de réformes libérales de grande ampleur, allant de la fiscalité aux retraites en passant par la santé.

Enthousiasmés par des impôts désormais très bas et les coûts salariaux les plus bas des nouveaux pays de l'UE, les investisseurs ont afflué, particulièrement les constructeurs automobiles. Dans trois ans, la Slovaquie sera ainsi de très loin le premier producteur mondial de voitures par tête d'habitants.

Mais l'accélération des réformes liée à une réduction des dépenses publiques mécontente une population, dont le salaire net mensuel moyen est d'environ 225 euros. Les syndicats ont obtenu d'organiser début avril un référendum sur des élections anticipées.

Particulièrement touchée par la baisse des prestations sociales, l'importante minorité tzigane, estimée à près de 500.000 personnes, s'est brièvement révoltée fin février dans des manifestations et pillages de magasins.

Objet d'un racisme ouvert de la part de la majorité de la population, elle souffre d'un chômage massif depuis la chute du communisme et vit souvent dans des conditions semblables à celles des bidonvilles du Tiers-monde. Malgré de nombreuses mises en garde, l'Union européenne n'a pas encore réussi à persuader la Slovaquie d'agir énergiquement contre la discrimination.

 

La République tchèque veut s'ancrer définitivement à l'Occident

Issue en 1993 d'un divorce à l'amiable de l'ex-Tchécoslovaquie, la République tchèque s'apprête à s'ancrer définitivement à l'Occident, après avoir connu un passé mouvementé marqué par les occupations nazie et soviétique.

Ce pays a vécu tous les revirements historiques de l'Europe centrale du 20e siècle: née en 1918 sur les décombres de l'Autriche-Hongrie, la Tchécoslovaquie a perdu son indépendance suite à l'occupation nazie et la création du "Protectorat Bohême-Moravie" et d'un Etat slovaque fasciste en 1938-39.

La libération de 1945 a été ternie par les exactions contre la minorité allemande. Plus de 2,5 millions de personnes ont été expulsés sans ménagement des Sudètes où leur famille avait vécu pendant des siècles. Cet épisode n'a pas encore été vraiment assumé par les Tchèques et constitue encore un contentieux important entre Prague et ses voisins allemand et autrichien.

En 1948, le pays a plongé dans la dictature communiste, accentuée en 1968 par l'occupation militaire directe des Soviétiques. Le communisme a été finalement renversé fin 1989 par la "révolution de velours" emmenée par l'écrivain dissident Vaclav Havel.

"Pour moi, c'est la Seconde Guerre mondiale et la division de l'Europe qui sont terminées", a réagi le Premier ministre social-démocrate Vladimir Spidla, après l'écrasante victoire du Oui (77,33%) dans le référendum d'adhésion en juin 2003.

Ironie du sort: les Tchèques entrent dans l'UE avec à leur tête un président particulièrement euro-sceptique, l'ex-Premier ministre thatchérien Vaclav Klaus.

Farouche ennemi politique de Vaclav Havel, président tchécoslovaque puis tchèque entre 1989 et 2003, M. Klaus ne manque pas une seule occasion de mettre au pilori ce qui est à ses yeux une "coalition bizarre formée par la politique européenne, la bureaucratie de Bruxelles et certains intellectuels qui pensent en termes cosmopolites".

Il reflète un certain scepticisme traditionnel de la population de ce pays, où l'ampleur du débat européen n'a jamais atteint par exemple celle de la Pologne voisine. Seuls 10% des Tchèques s'attendent à ce que leur niveau de vie s'améliore après l'entrée dans l'UE, selon un sondage publié à la mi-mars.

Malgré une très faible majorité à la Chambre des députés, la coalition de centre-gauche au pouvoir depuis 2002, a cependant réussi à maintenir un cap pro-européen face à l'ancien parti de M. Klaus et aux communistes, qui ont conservé une influence sans équivalent en Europe centrale.

Après une restructuration économique post-communiste plutôt laborieuse, la République tchèque est loin de figurer parmi les nouveaux tigres économiques de l'UE, avec une croissance du PIB de 2,9% en 2003 contre 2,2% un an plus tôt.

Très riche en monuments historiques avec en vedette le vieux Prague, "la ville aux cent clochers", et les villes historiques de Kutna Hora, Cesky Krumlov et Olomouc, le pays bénéficie d'une riche tradition culturelle, surtout musicale (Dvorak, Janacek, Martinu, Smetana), littéraire (Kafka, Kundera, Hrabal, Seifert, Capek) et cinématographique (Forman, Menzel, Kadar, Klos, Sverak).

D'une taille relativement modeste (78 865 km2, 10,3 millions d'habitants), le pays est particulièrement sportif, avec une passion pour le hockey sur glace, où il a accumulé les titres de champion du monde. Il excelle aussi au football, avec l'un des meilleurs joueurs mondiaux du moment (Pavel Nedved). Son école du tennis, d'où sont naguère sortis Ivan Lendl et Martina Navratilova, est également renommée.

Les Tchèques, qui sont une nation slave, sont également fiers d'un autre titre mondial: celui de la consommation de la bière par tête d'habitant (environ 150 litres par an), loin devant les Irlandais et les Allemands.

 

La Lituanie veut être un tigre dans l'Union européenne

Plus grand des trois pays baltes, la Lituanie, qui était il y encore quinze ans une ancienne république de l'URSS, s'apprête à devenir l'un des tigres économiques de l'Union européenne.

Considérée comme le pays le moins développé des trois pays baltes qui ont regagné leur indépendance en 1991, la Lituanie a travaillé dur pour remonter la pente, même si elle a plus tardé à se réformer que l'Estonie. La Commission européenne estime aujourd'hui que ce pays est le plus dynamique de l'UE à 25 avec une croissance qui a atteint l'an dernier de 8,9%.

D'une superficie de 65.200 km2, elle compte 3,4 millions d'habitants et près du cinquième d'entre eux travaillent la terre. Souvent confondu avec la Lettonie, son voisin du nord, ce pays majoritairement catholique est bordé par la mer Baltique à l'ouest, par le Belarus à l'est et par la Pologne et l'enclave russe de Kaliningrad au sud.

C'est l'un des pays les plus pro-européens des 10 nouveaux membres, avec plus de 91% de "oui" lors du référendum sur l'adhésion à l'UE au référendum de mai 2003. Comme ses partenaires baltes d'Estonie et de Lettonie, la Lituanie est aussi l'un des sept pays ex-communistes à rejoindre le 2 avril l'Alliance atlantique, qui était naguère l'ennemi du bloc soviétique.

Fière de sa langue très ancienne aux racines indo-européennes, la Lituanie s'étalait au 15ème siècle de la Baltique à la mer Noire.

Convoitée et rattachée à la Pologne puis à la Russie impériale en 1795, la Lituanie a brièvement regagné son indépendance après la Première guerre mondiale. Elle a été ensuite annexée par l'Union soviétique en 1940, puis occupée par l'Allemagne nazie qui a exterminé la presque totalité de sa très dynamique communauté juive.

Après la Seconde Guerre mondiale, elle été rattachée à l'URSS. Mais elle a perdu environ un million d'habitants qui ont été tués ou ont péri dans les camps soviétiques ou nazis ou bien encore ont émigré, souvent vers les Etats-Unis.

Animée par un profond esprit de résistance aux communistes, elle a été menée vers l'indépendance par le musicien Vytautas Landsbergis. En 1989, ses habitants formèrent avec ceux de la Lettonie et de l'Estonie, une vaste chaîne humaine pour réclamer l'indépendance. Malgré les efforts de l'URSS pour empêcher la secéssion des pays baltes, son indépendance a été reconnue par la communauté internationale en août 1991. Il reste de cette époque une minorité russe d'environ 8% de la population.

Le parlement lituanien a destitué le 6 avril le président Rolandas Paksas pour "grave violation de la constitution" et mis un terme au scandale de corruption qui menaçait de ternir l'entrée du pays balte à l'Union européenne.

"A partir de ce jour, le 6 avril 2004, Rolandas Paksas, par décision du parlement, est démis du poste de président de la République", a déclaré le président de la Cour suprême, Vytautas Greicius. En vertu de la Constitution, l'intérim présidentiel devait être assuré pendant deux mois par le président du parlement et principal rival politique de M. Paksas, Arturas Paulauskas, le temps d'organiser un nouveau scrutin.

Rolandas Paksas, ancien pilote spécialiste de l'acrobatie, l'avait remporté contre toute attente il y a 15 mois face au favori de l'élection, le président sortant Valdas Adamkus.

La passion des Lituaniens est le basket et leur équipe nationale a remporté le titre de champion européen en 2003.

 

L'héritage soviétique pèse sur la Lettonie

L'Etat balte de Lettonie se débat encore, au moment où il intègre l'Union européenne, avec un lourd héritage de l'Union soviétique qui l'oblige à gérer une importante minorité de russophones et sa dépendance énergétique à l'égard de Moscou.

Pays de 2,3 millions d'habitants et de 64.589 km2, la Lettonie a regagné son indépendance en 1991, en même temps que ses voisines baltes Estonie et Lituanie, sans avoir comme elles réussi à régler son problème de minorité, qui représente le tiers de ses habitants, ni avoir des relations sereines avec Moscou.

Les soldats russes sont restés en Lettonie jusqu'en 1994, ce qui n'a pas facilité l'application de nouvelles lois: laisser-aller, corruption, inflation ont prospéré et les usines soviétiques et fermes d'Etat se sont tout simplement arrêtées de fonctionner.

A la veille de son adhésion dans l'UE, la Lettonie reste déchirée sur les droits des russophones et pressée par ses voisins russe, bélarusse, et même ukrainien, de mieux traiter ses minorités. Bien que 67% des Lettons aient voté "oui" à l'UE, les russophones ont été les plus sceptiques.

Les liens avec Moscou se sont encore récemment tendus car Riga appliquera dès septembre dans ses 159 écoles russophones une réforme à l'origine de vives protestations: plus de 60% des cours devront être dispensés en letton et non plus en russe.

La Lettonie avait connu une brève période d'indépendance entre les deux guerres avant d'être occupée par les Soviétiques, puis les nazis et de nouveau les Soviétiques après la seconde guerre mondiale.

Economiquement, ce pays a été frappé de plein fouet par la crise russe de 1998. Mais, depuis, sa croissance a repris et la Lettonie a aujourd'hui une des économies les plus énergiques des dix nouveaux entrants dans l'UE, avec une croissance de 7,5% l'an dernier.

L'influence de Moscou se fait toujours nettement sentir dans l'économie où les leviers énergétiques sont contrôlés par les Russes, en particulier dans le port de Ventspils.

Depuis l'indépendance, la Lettonie a connu une succession de gouvernements de coalition, se défaisant surtout sur des désaccords concernant les privatisations. Le dernier a été investi début mars et il est dirigé par le premier chef de gouvernement vert de l'Europe des 25, Indulis Emsis.

Le pays reste aussi épinglé pour ses scandales de corruption. La populaire présidente Vaira Vike-Freiberga demeure néanmoins un symbole de stabilité et est très respectée à l'étranger pour avoir largement contribué à mener son pays aux portes de l'UE mais aussi de l'Otan.

 

La métamorphose réussie de l'Estonie

A l'heure de son entrée dans l'Union européenne, l'Estonie s'identifie bien plus à la Finlande, de l'autre côté de la mer Baltique, qu'à ses voisines baltes de Lettonie et de Lituanie, et peut se targuer d'avoir réussi sa métamorphose économique.

Avec 1,4 million d'habitants sur une surface de 45.200 km2, l'Estonie est le plus petit des trois Etats baltes qui ont comme elle repris en 1991 leur indépendance de l'Union soviétique.

Elle regarde l'ouest à travers la Finlande, pays d'inspiration et fenêtre sur le monde dont la langue d'origine finno-ougrienne est très proche de la sienne.

Après l'indépendance regagnée de Moscou, l'Estonie s'est lancée à fond dans les réformes économiques. Partie de rien, elle est aujourd'hui l'un des pays de l'ex-bloc soviétique à avoir le plus développé les technologies de pointe. Elle est même le premier à avoir, en l'an 2000, remplacé la paperasse dans les réunions de cabinet par l'usage des ordinateurs portables.

L'Estonie a maintenu un budget équilibré, arrimé la couronne au mark allemand avant de l'arrimer à l'euro, qu'elle veut être l'un des premiers à adopter parmi les nouveaux entrants dans l'UE.

Elle a en commun avec la Lettonie et la Lituanie la passion du chant, devenu l'expression de l'identité nationale, en particulier lors de ses premiers pas à la fin des années 1980 vers l'indépendance.

La capitale médiévale de Tallinn, qui a accueilli il y a deux ans l'Eurovision, organisera en juillet le festival balte de la chanson traditionnelle et de danse, une manifestation qui se tient chaque année dans une des trois capitales.

L'Estonie a acquis son indépendance après la 1ère guerre mondiale mais a été récupérée par Moscou dans le cadre de l'accord secret passé avec les nazis en 1939. Avec la Lituanie et la Lettonie, elle est devenue l'une des Républiques soviétiques après avoir été occupé par les nazis durant la seconde guerre mondiale.

De cette période est restée sur son sol une importante minorité russophone qui constitue environ 34% de sa population d'aujourd'hui.