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1er mai 2004
LE TEMPS DE L'OPTIMISME

Naissance de l'Europe des 25

Le 1er mai 2004, face aux hyperpuissances réelles ou en devenir, aux pays dits émergents, à un ordre occidental soi-disant en déclin, 450 millions d'hommes et de femmes sont devenus citoyens à part entière d'une entité européenne en attendant l'harmonisation de leurs identités nationales et la reconnaissance de leur identité européenne.



Lorsqu'il y a un peu plus de mille ans, Charlemagne régnait par ses conquêtes de la Russie à la Méditerranée, à partir d'une identité tribale des Francs, il avait su créer en Europe une acculturation dont le creuset fut à l'origine de l'une des grandes civilisations de l'humanité. Il conviendrait de nous souvenir que nous en sommes les héritiers directs. Un temps fractionnée par les fanatismes politiques ou religieux, la nouvelle Europe se retrouve sur le chemin, certes long à parcourir mais tracé, d'une nouvelle identité en de nombreux points ressemblante à celle forgée il y a plus de mille ans. C'est dire combien le 1er mai 2004 représente un renouveau de l'espérance des peuples qui incite à gommer nos faiblesses et à ne plus concevoir l'Union sous l'angle des égoïsmes nationaux, symboles d'une "vieille Europe" sur laquelle le gouvernement américain a cru pouvoir récemment ironiser.


Le 1er mai 2004,  25 nations renouent avec leur histoire millénaire.

Il n'est pas interdit de se poser la question de savoir si l'appauvrissement global momentané de ce gigantesque ensemble de 450 millions d'hommes, troisième pole de population de l'humanité après la Chine et l'Inde et devant l'Amérique, va permettre un rebond vers plus de croissance, plus de richesse, plus de liberté,  ou si au contraire, cet ensemble affaibli par quelques poids morts ,  n'est pas destiné à croupir et à devenir le féal d'autres ensembles plus dynamiques, plus industrieux, plus aptes à supporter des sacrifices qui leur sont imposés.


Or, il convient de constater que si cette nouvelle Europe contribue à une redistribution des cartes déjà en cours, la montée en puissance du futur géant économique chinois et du trio dispersé, Russie, Inde, Brésil, n'a réussi ni à amoindrir l'hyperpuissance américaine, ni à empêcher la formation de cette Union occidentale européenne potentiellement capable de peser militairement et diplomatiquement sur les affaires du monde.


Ces pessimistes qui confondent l'accessoire et l'essentiel



Contrairement aux affirmations du clan du pessimisme chronique, l'Europe à 25 ne signifie pas une Europe aux difficultés multipliées par 25. Est-il besoin de faire la revue de détail ? La disparité économique des nouveaux membres de l'Union n'est pas telle qu'une absorption globale et un rattrapage ne puisse être envisagé dans un délai relativement bref. La tour de Babel européenne se révèle au fil des années, plus un obstacle technique qu'une véritable barrière identitaire. L'affinité historique entre la France et la Pologne en est un témoignage même si peu de français parlent la langue polonaise et si seul un petit nombre de polonais pratiquent la langue de Molière. L'anglais n'est-il pas devenu un sésame de circulation ? L'allemand est familier à un grand nombre de citoyens des anciens pays de l'est. Dans l'Europe du sud, l'italien, l'espagnol et même le portugais sont des langues d'échange et de culture.

Toutefois, l'obstacle le plus sérieux demeure culturel dans une Europe qui s'élargira encore à la Bulgarie et à la Roumanie et peut-être à la Turquie. L'héritage ottoman de ce dernier pays définit un courant de civilisation radicalement différent même s'il ne sous entend ni confrontation ni absence d'échanges. Certes, nous nous réclamons d'un multiculturalisme, encore faut-il être conscient qu'il ne peut fonctionner que dans le cadre d'une culture majoritaire tolérante mais dominante.


Les Choix politiques indispensables de la nouvelle Europe



Les problèmes mis en exergue par la réunion d'une Europe à 25, relèvent d'un modèle d'organisation et de choix politiques qui seront inscrits dans le texte de la future constitution européenne. Votée par les parlements nationaux ou plébiscitée par référendum, la Constitution sera l'acte officiel déterminant pour le fonctionnement de la nouvelle entité. Sans doute, prendra-t-elle son départ sur la base de l'Europe des Etats qui devront très vite fixer un calendrier d'intégration, notamment pour la politique étrangère afin qu'on ne se retrouve jamais dans la situation créée par le souhait de George W. Bush de mener sa guerre d'Irak.


On sait que l'Europe de la Défense cheminera plus lentement. Cependant, les embryons d'action commune menées par la France et l'Allemagne dans la lutte contre le terrorisme ou la constitution de la Force d'action rapide (Far) ou par la France et la Grande-Bretagne, notamment dans le domaine des armes nucléaires, constituent un encouragement pour une défense commune. Il ne fait pas de doute que l'Europe à 25 sera un garant pour la pérennité de l'Alliance Atlantique; en revanche, il faudra bien que l'OTAN se transforme graduellement en structure de défense européenne. . Une telle mutation structurelle n'est envisageable que si les Etats-Unis infléchissent leur doctrine stratégique ce qu'un changement d'administration à Washington après les élections de novembre prochain faciliterait grandement.


Une européanisation de l'OTAN avec un partage de responsabilités aplanirait les difficultés transatlantiques en renforçant la vocation européenne de la Grande Bretagne.   Entre une Russie souveraine au statut incontesté de grande puissance et les Etats-Unis redevenus une superpuissance solidaire, la stabilité de l'Europe y gagnerait en force.
La bataille de l'Europe est engagée sur tous les fronts. Encore faut-il savoir distinguer l'accessoire de l'essentiel, ce qui relève de questions d'organisation et ce qui touche au fonds commun incessible et inaliénable, à l'essence même de notre personnalité.


L'esprit qui anime les Européens des 25, empreints d'un humanisme historique à vocation universelle, revendique la prédominance de l'individu, maître de ses choix de société sur toutes les formes d'organisation religieuse, sociale, politique qu'il est en droit de révoquer au nom de la démocratie.


Jean-Claude Courdy