EN AVANT BOURGUIGNONS (5)
Douze jours après l'annonce de sa décision de recruter dans la J.N.S. un groupe de combat pour la Légion Wallonie HAGEMANS fit le bilan. Septante-deux jeunes s'étaient portés volontaires (1). Recrutés en majeure partie parmi les cadres, HAGEMANS avait dû, pour arriver à ce résultat, littéralement écrémer son Mouvement. Restait la base dont l'engagement dépendait du choix fait par les chefs locaux. Celle de la province était plus difficile à manipuler parce que moins sous l'emprise charismatique du Prévôt. Les parents aussi étaient un obstacle majeur au renforcement du contingent de la Jeunesse, car plus d'un parent était opposé au projet de départ. Il y en eut même qui ne réussirent à récupérer leur fils qu'en dernière instance, dans le train en partance pour Meseritz !
Dans sa hantise d'atteindre absolument 100 volontaires ( dans un premier temps HAGEMANS avait parlé de 150 ), il se tourna vers d'autres horizons. Se souvenant qu'il avait fait un stage au SVTW - Service des Volontaires pour le Travail en Wallonie - HAGEMANS fit une tentative de ce côté :
[...] que nos camarades des Volontaires du Travail abandonnent en foule la pelle pour l'honneur de porter les armes [...] ( Pays Réel du 26 février 1942 ).
Les jeunes de conviction d'Ordre Nouveau non affiliés à un organisme structuré, peu nombreux d'ailleurs, qui se présentèrent au bureau d'engagement furent systématiquement approchés par HAGEMANS et... portés sur les liste de la J.N.S.
Les officiers J.N.S. de Bruxelles, le fief de HAGEMANS, étaient peu nombreux mais tous avaient répondu à l'appel de leur chef. La majorité des gradés du Serment-Ecole Joris Van Serveren en avait fait autant. A eux seuls, il représentaient un tiers des effectifs. Les Liégeois, par contre, qui ont toujours fait preuve d'un esprit de fronde et qui au fond n'ont jamais accepté ce " Flamin " de HAGEMAN étaient plus réticents que leurs camarades des autres provinces. La défection du Chef de Pays de Liège, Jean MASSART, était symptomatique du désaccord qui existait entre le clan liégeois et HAGEMANS à qui l'on reprochait une attitude trop servile vis-à-vis de DEGRELLE. ( Le groupe liégeois avait démissionné en bloc après le Heil Hitler du 5 janvier 1941 ). Un autre Liégeois, et non des moindres puisqu'il s'agit de Jean-Pierre QUOIRIN, Chef de la Prévôté de la J.N.S., resté au pays pour épauler Roger DERWAEL, Prévôt a.i. en l'absence de HAGEMANS, ne cacha ni son indépendance d'esprit ni ménagea ses critiques. Ouvertement hostile à l'engagement de la Jeunesse dans les rangs de la Légion Wallonie, il se fit huer sur le quai d'embarquement de la Gare Nord lorsqu'il extirpa du train un jeune J.N.S. qui avait fugué pour s'engager et que ses parents réclamaient. Le Chef de Pays de la province de Hainaut, par contre, fut de la partie. Des six chefs de Serment que compta Bruxelles/Brabant, quatre suivirent leur Chef. Liège en fournit deux sur quatre, Namur était au complet avec deux Chefs de Serment tandis que le Hainaut afficha le plus beau score : 10 Chefs de Serment sur 10.
En définitive, on peut avancer que le contingent HAGEMANS était composé d'un tiers de gradés, un tiers de candidats-gradés des Serments-Ecoles et le reste de Chevaliers issus du rang. HAGEMANS n'avait pas été en mesure de fournir beaucoup plus. Il avait écrémé les cadres de son Mouvement et vidé les rangs des aînés en âge de porter une arme, les plus jeunes étant âgés de 15 ans.
Le 10 mars 1942, HAGEMANS, aidé par l'adjudant légionnaire Fernand FOULON, l'adjoint de Jean VERMEIRE, parcourut les wagons à la recherche de jeunes volontaires qui ne faisaient pas partie de la J.N.S. et les affilia d'office. Ce cette manière, il put gonfler ses effectifs à 147 hommes.
En entraînant tous ces jeunes au front, HAGEMANS prenait une lourde responsabilité morale vis-à-vis des parents. Ces derniers furent-ils dupes ? HAGEMANS a-t-il minimisé volontairement ou involontairement l'action qu'il allait entreprendre ? Les parents reçurent-les des garanties quant au non-engagement de leur enfant en zone de combat ? Lui-même a-t-il obtenu des engagements formels de DEGRELLE d'une part, de l'autorité allemande, plus particulièrement la Kommandostab Z, d'autre part ? Questions délicates auxquelles il est difficile d'apporter une réponse claire. Il semble que vis-à-vis des parents, l'on ait délibérément laissé se propager l'idée que l'incorporation de la Jeunesse ne serait qu'une période spéciale de formation physique et de discipline dans le camp de la Légion à Meseritz pendant un temps relativement court; qu'en tout état de cause il ne pouvait être question de tâches de combat ou d'occupation pour le compte des Allemands, mais d'une simple utilisation d'installations et moyens de ravitaillement dont on ne pouvait disposer en Belgique. Mais alors, que penser du projet de lettre collective du 28 février 1942, non publiée, - et pour cause -, à l'intention des [...] camarades restés au pays [...].
[...] Nous reviendrons avant que rentre la Légion toute entière (... ) Ceux que le Destin aura marqué pour rester là-bas, aux confins du monde civilisé, nous vous rapporteront pieusement leurs noms et le récit de leurs souffrances [...].
A peine arrivé au Regenwurmlager, HAGEMANS fit, fin avril 1942, un rapide aller retour en Belgique. A l'occasion de ce déplacement, il se plaignit du non respect des conditions promises, notamment, et entre autres, la promesse que la formation théorique des cadres serait uniquement de son ressort, tandis que pour la formation pratique - lisez militaire -, il se ferait aider dans cette tâche par d'autres légionnaires du premier contingent. L'instruction du deuxième contingent fut confié, on le sait, à des Allemands. Il n'est pas exclu que HAGEMANS se soit rendu compte, un peu tard, que ses projets étaient irréalisables. Sa désillusion fut telle qu'il conseilla à certains de ses proches collaborateurs de ne jamais s'engager dans la Légion Wallonie.
NOTE
1. Roland DEVRESSE dans Les Volontaires de la Jeunesse à la Légion Wallonie - Chapitre II : Le Recrutement du 2ème contingent de la Légion Wallonie, p. 55. Inédit Mai 1991.
© Eddy DE BRUYNE / Mars 2000 - adapté d'E. De Bruyne - Les Crises internes de la Légion Wallonie - . Thèse388. CEGES ( Bruxelles )1990.
Home] [Légion
Wallonie] [Idealism ?]
[Degrelle in a nutshell] [Sigmaringen]
[Spaniards]
[Obscure formations] [von
Rundstedt offensive]
[Lucien Lippert (Fr)] [Lucien
Lippert (En)]
[Recrutement (Fr)] [Recrutement
2 (Fr)] [Recrutement 3 (Fr)]
[Recruitment 1 (En)] [Recruitment
2 (En)] [Recruitment 3
(En)]
[Bourguignons1] [Bourguignons2][Bourguignons3][Bourguignons4]