Les vacances de Tire-bouchon

de Marie-Odile Judes

 Par une belle journée d'été, le fermier dit aux animaux de sa ferme:
"Ma femme et moi partons en vacances. Le coq vous surveillera. Soyez sage et obéissez-lui!"

Le fermier et la fermière partis, le coq cria très fort:
"Vous avez entendu? Vous devez m'obéir. Alors ouste! tout le monde au travail! Toi, le dindon, balaie la cour; vous, les poules, grattez-moi le dos. Et toi, Tire-bouchon, va me cueillir des fraises au jardin!"

Hop! le dindon a pris un balai. Frrt! les poules se sont mises à gratter le dos du coq. Tire-bouchon resta sans bouger dans la cour.

Le coq s'impatienta: "Eh, bien, qu'est-ce que tu attends?
- Le fermier t'a demandé de nous surveiller, pas de nous faire travailler! répondit le petit cochon. Je préfère m'en aller plutôt que de t'obéir, vilain emplumé!"

Tire-bouchon trotta jusqu'à la porcherie, prit sa valise et y fourra trois tee-shirts, deux caleçons, un pull-over, des lunettes de soleil, des espadrilles et sa tirelire. Puis il enfila un blouson, mit sa casquette et… salut tout le monde!

Le coq était si occupé à faire le fier dans la basse-cour qu'il ne le vit pas partir.

Tire-bouchon alla à la gare et acheta un billet pour la mer. Dans le train, il mangea du fromage blanc, puis il dormit longtemps.

Arrivé à la mer, il trotta jusqu'au port. Un homme portait une caisse sur son dos.
"Je vais vous aider!" cria Tire-bouchon.

Il posa sa valise et hop! s'empara de la caisse. Mais il s'y prit tellement mal qu'il la fit tomber dans l'eau!
"On n'a pas idée d'être aussi maladroit!" cria l'homme.

Vexé, le petit cochon marmonna:
"Puisque c'est comme ça, je m'en vais!"

Ensuite, Tire-bouchon retourna à la gare et prit un billet pour la montagne. Dans le train, comme il avait faim, il mangea des pâtes au gratin, puis il dormit un brin.

Arrivé à la montagne, Tire-bouchon décida de faire de l'alpinisme. Il trotta jusqu'au magasin, loua des chaussures à crampons, une corde et un pistolet. Mais très vite, il cassa les lacets de ses chaussures et tordit son pistolet.
"On n'a pas idée d'être aussi maladroit!" lui dit-on au magasin.

Vexé, le petit cochon marmonna:
"Puisque c'est comme ça, je m'en vais!"

Alors, Tire-bouchon alla à la gare et prit un billet pour Paris. Dans le train, comme il avait faim, il mangea trois choux, puis il dormit beaucoup.

Le chef de gare le réveilla:
"Paris! Tout le monde descend!"

Tire-bouchon décida de monter sur la tour Eiffel. Mais traversant la rue au feu vert, il faillit se faire écraser par une voiture.
"On n'a pas idée d'être aussi écervelé!" lui cria l'automobiliste.

Vexé, le petit cochon marmonna:
"Puisque c'est comme ça, je m'en vais!"

Tire-bouchon retourna à la gare et prit un billet pour la plage. Dans le train, comme il avait faim, il mangea des œufs, puis il dormit un peu.

Arrivé à la plage, il décida de se baigner. Il enfila un caleçon de bain et, tout joyeux, courut dans l'eau. Oh! qu'elle était froide! Tire-bouchon ressortit de l'eau en criant.
"On n'a pas idée de faire tant de bruit!" dirent les baigneurs.

Vexé, le petit cochon marmonna:
"Puisque c'est comme ça, je rentre chez moi! Na!"

En voyant arriver Tire-bouchon, le coq s'écria, tout grognon:
"Je vais dire au fermier que tu as quitté la ferme sans ma permission!
- Si tu le dis, je te botterai le derrière, moi!"

Mais quand le fermier et la fermière rentrèrent de vacances, le coq raconta tout.

Alors, Tire-bouchon s'approcha du coq et bing! lui donna un grand coup de patte dans le derrière.

Le coq s'envola, passa par-dessus la ferme, et atterrit sur le clocher de l'église. Et il y resta pour toujours!