Une drôle de chasse au trésor de Solweig

Je suis un petit garçon et je m'appelle Siloé. J'aime bien lire. Mais ce que j'aime encore plus, c'est lire allongé sur mon lit. Il peut arriver n'importe quoi : je ne m'en rends pas compte.

La preuve... Avec mes parents, nous venons de déménager dans une nouvelle maison. En attendant que ma chambre soit peinte et tapissée, ils ont installé mon lit dans la buanderie. C'est rigolo, je dors à côté de la machine à laver et de la planche à repasser.

Cet après-midi, j'étais en train de lire sur mon lit, comme d'habitude. Maman est entrée et m'a demandé si le bruit de la machine me gênait. Depuis que ma petite sœur Alizée est arrivée, on a beaucoup de linge à laver et la machine fonctionne souvent. J'ai répondu : "Non, cela ne me gêne pas. Quand je lis, rien ne me gêne."

Maman a rempli la machine à laver, a appuyé sur le bouton, avant de ressortir s'occuper d'Alizée. Alizée est encore un bébé : il faut sans arrêt s'en occuper. Moi, j'ai continué à lire. Longtemps. Très longtemps. Je lisais un livre qui racontait une chasse au trésor, et j'étais tellement absorbé que j'entendais presque les "glou-glou" des vagues autour du bateau des marins courageux.

Puis Maman est revenue. Elle a ouvert la porte et a hurlé. Elle venait de recevoir une vague sur les pieds. Oui, une vague, une vraie ! J'ai cru un instant que c'était mon livre qui avait débordé. Mais non, c'était la machine à laver ! A cause d'une fuite, il y avait dix centimètres d'eau dans la pièce. Et je ne m'étais aperçu de rien.

Maman a appelé Papa, furieuse que je ne les aie pas prévenus plu tôt du désastre. Tous les deux se sont mis à éponger. Moi je trouvais cela plutôt drôle. Comme je ne voulais pas me mouiller les pieds, je suis resté sur mon lit. Je faisais le grand capitaine qui donnait les ordres. Papa et Maman étaient les matelots qui écopaient. Quand la pièce fut sèche, Papa, qui est bricoleur, a ouvert la machine à laver pour comprendre ce qui s'était passé.

Il a ouvert le filtre (c'est lui qui me l'a expliqué). Et là, devinez ce qu'il a trouvé : une pièce de dix francs ! Il l'avait oublié dans une de ses poches, et elle avait bouché la machine à laver. "Bravo, matelots !" j'ai crié. "Nous sommes riches. Nous avons trouvé le trésor..."

"Tout est bien qui finit bien", a conclu Papa, philosophe. "Le trésor revient au capitaine, qui pourra s'acheter des bonbons. Il faut qu'il reprenne des forces pour un prochain voyage en mer."

Maman, elle, a trouvé que les voyages en mer étaient épuisants pour l'équipage. Elle a aussi conclu de cette aventure que je lisais trop. Les parents sont comme cela. Ils vous achètent des livres et vous conseillent de lire. Et puis après, ils changent d'avis.