L'homosexualité à l'adolescence

 
Cette semaine je souhaite vous faire partager un brin de la vie de Sonia (le nom à été changé pour préserver l'anonymat), une jeune fille homosexuelle de 14 ans.
 
Sonia m’a écrit une lettre à la fin du mois de juin dans laquelle elle me dit combien elle s’interroge par rapport à ce qui lui arrive. Avec son autorisation et la promesse de ne révéler que ce qui pourra être profitable aux autres lecteurs et lectrices qui se questionnent, Sonia nous donne le privilège de s’approcher de ce qu’elle vit afin d’avoir des réponses à ses interrogations.

Voici un extrait de la lettre de Sonia :

«Je me demande beaucoup pourquoi tout ça est en train de m‘arriver. Ça ma pris du temps avant de me rendre compte de ce qui m’arrive, je parle de mon homosexualité. Au début, j’ai trouvé ça bizarre et je pensais que ça passerait, et bien non... Des fois j’ai tellement pas l’impression d’avoir de choix, on dirait que je suis née comme ça, est-ce que ça s’peut ? J’en parle pas vraiment parce que j’ai bien peur de la réaction des autres. Les tapettes, les «butch», on se fait traiter de toutes sortes de noms, ce qui finit par faire croire qu’on n’est pas normales. Pourquoi je me sens attirée par les autres filles? Qu’est-ce qui fait que je suis comme ça, est-ce que c’est génétique? Est-ce que c’est normal que je ne suis pas sûre de m’accepter à 100 %? Est-ce que tu me conseilles de le dire à mes parents? J’ai tellement peur, aide-moi s’il te plaît Julie.»

La détresse exprimée par Sonia est celle de tous ceux et celles qui, à l’adolescence, se retrouvent devant une situation qui les obligera à se questionner et à se comparer aux autres quant à leur orientation sexuelle. Pour bien des gens, l’homosexualité est encore un sujet délicat à aborder. Même si on en parle de plus en plus et que plusieurs personnes homosexuelles s’affirment, les préjugés, la discrimination et l’intolérance existent encore et c’est de cela que Sonia a peur comme bien des personnes dans sa situation.

Orientation

L’homosexualité, c’est une question d’orientation sexuelle. L’orientation sexuelle c’est lorsque l’on se sent attiré par des personnes du même sexe (homosexualité) ou du sexe opposé (hétérosexualité) ou des deux sexes (bisexualité). Un adolescent peut faire des choix quant à ses préférences sexuelles, quant à ses loisirs, ses amis-es. Mais l’orientation sexuelle ne relève pas d’une question de choix, un peu comme on ne choi-sit pas d’être droitier ou gaucher. L’attirance sexuelle pour une personne du même sexe se fait spontanément et le fait de tenter de contrecarrer cette orientation serait comme de demander à un droitier d’écrire de la main gauche.

L’origine d’une orientation sexuelle n’est pas définie et précise. Certaines personnes disent que c’est inné et d’autres croient que c’est une question d’éducation. Je crois que l’orientation sexuelle s’inscrit chez une personne dès ses premiers jours de vie (sans que cela ne soit génétique), et que l’éducation viendra colorer la façon dont l’individu vivra sa sexualité. Chose certaine, ce n’est pas une maladie, comme, malheureusement, certaines personnes le croient.

L’adolescence représente souvent le moment des questionnements. La libido se développe et, avec elle, les expériences sexuelles se multiplient. Un-e adolescent-e peut avoir des comportements homosexuels à l’occasion sans toutefois ÊTRE homosexuel-le. Par contre lorsque c’est une question d’orientation, comme dans le cas de Sonia, c’est quelque chose qui se ressent profondément et d’une façon permanente.


Préjugés

Les gens ont souvent des préjugés car ils ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas bien. C’est pourquoi il sera important de bien prendre le temps de choisir à qui l’homosexualité sera révélée. Tes parents ont le droit de savoir, mais il est important de choisir le moment de leur faire partager ce que tu vis. L’acceptation de ton orientation sexuelle ne s’est pas faite du jour au lendemain, alors tu ne peux pas leur demander de l’accepter tout de suite après leur avoir dit. Le temps et de bonnes discussions permettent de bien vivre la situation. Tes parents, tout comme tes vrai-es ami-es, t’aiment pour ce que tu es comme personne et non pas pour ton orientation sexuelle. Sonia, tu auras beaucoup moins peur si tu te sens acceptée et aimée.

À tous ceux et celles qui ont peur de l’homosexualité ou qui portent des jugements sévères en regard des gens qui ont une orientation sexuelle différente de la leur, pensez que chacun a droit au bonheur et que l’on ne peut pas demander à un droitier d’écrire de la main gauche!

Julie Pelletier, sexologue
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Article tiré du Journal de Montréal, dimanche 22 août 1999, page 24