La séparation

par StarLight

Partie 4: La folie de la prêtresse

 

 

Le Nomade regagna Bassora car Talia y avait laissé son bateau avec tout son équipage. Ils l’attendaient tous au port. Ils furent bien heureux de revoir leur capitaine. Talia les remercia de leur accueil si chaleureux et son second lui montra son horaire pour les prochains jours. Elle avait un grand retard et cela allait lui causer quelques ennuis si elle ne le rattrapait pas au plus vite. Elle en fit part à Sinbad et fut bien désolée de devoir les quitter si tôt.

-         Le devoir de capitaine, dit-elle.

-         Je sais de quoi tu parles rassure-toi, dit Sinbad.

Talia lui adressa un sourire compatissant.

-         Tu la retrouveras bientôt ta belle Sinbad. Elle n’a que des petites formalités à remplir et puis tu la reverras.

-         J’espère que tu as raison.

Talia lui serra la main.

-         Bonne chance dans tes prochaines aventures.

-         De la chance il n’en manque jamais, remarqua Doubar en arrivant. Tu vas me manquer Talia.

-         Toi aussi mon bon Doubar.

Doubar ne lui épargna pas son « câlin » et lorsqu’elle put reprendre son souffle elle se dirigea vers Rongar.

-         Ne fais pas cette tête, dit-elle doucement. Je te promets qu’on va se revoir.

Elle l’embrassa tendrement.

-         Et plus tôt que tu ne le crois j’en suis sûre.

-         Reviens-moi vite, dit-il.

Talia changea de bateau et elle mit les voiles. Rongar lui envoya la main jusqu’à ce qu’elle disparaisse à l’horizon. Sinbad vint le rejoindre.

-         Cette scène me rappelle quelque chose, dit-il voulant faire un peu d’humour.

Cela n’eut pas grand effet.

-         Pourquoi lorsque l’on aime quelqu’un il faut toujours que l’on en soit séparé ?

-         Je ne peux pas te répondre Rongar. Mais sache que chaque chose a sa raison d’être.

Rongar hocha la tête et partit faire ses corvées. Doubar appela Sinbad.

-         Ce n’est pas que je n’aime pas t’entendre parler si sagement mais il faut quelqu’un pour tenir la barre petit frère.

-         J’arrive.

Sinbad monta les marches et vint prendre son poste.

-         Que sommes-nous sensé faire sur Yola ?

-         Omar m’a dit que des choses étranges s’y passaient. Je me dois d’aller voir, expliqua Sinbad.

-         Alors toi tu ne changeras jamais.

-         Jamais.

Doubar partit rejoindre Firouz pour l’aider avec l’une de ses inventions. Ils atteignirent l’île au bout de deux jours de bateau.

 

Ils arrivèrent en fin de journée et se trouvèrent un bon emplacement pour passer la nuit. La nourriture abondait sur cette île et le repas ne fut pas difficile à trouver. Ils mangèrent bien et Sinbad prit le premier quart. C’était le tour de Rongar mais Sinbad le prit tout de même. Rongar haussa les épaules et alla dormir.

 

Un peu plus tard durant la nuit Firouz se leva. Voyant Sinbad il alla dans sa direction.

-         Pas sommeil ?

Firouz secoua la tête.

-         Une raison en particulier ? demanda Sinbad.

-         Je pense à toutes sortes de choses. C’est pourquoi je ne m’endors. Il faudrait que je fasse le vide dans mon esprit mais je n’y arrive pas.

-         À quoi penses-tu exactement ?

-         À beaucoup de choses. Je repense au mécanisme de ma dernière invention, dit-il avec un sourire, mais plus précisément à Adera, confit-il.

Sinbad lui donna un petit sourire.

-         C’est tellement étrange que l’on soit tous les trois séparés de celle qu’on aime.

-         C’est bizarre en effet, remarqua Firouz. Peut-être est-ce une attraction de lune ou quelque chose de ce genre…

-         Firouz ?

-         Oui ?

-         Garde tes explications.

-         Désolé.

Il y eut un long silence.

-         Cette île me semble tout à fait normal, dit Sinbad. Je ne vois pas ce qu’il y avait de si pressant.

-         Attendons d’arriver au village, dit Firouz.

-         Je ne vois pas ce que cela changerait.

-         Nous verrons bien. Tu veux que je prenne le second quart ?

-         Cela me semble une bonne idée. Bonne nuit Firouz.

-         Bonne nuit Sinbad.

Sinbad alla se coucher près du feu maintenant mort et tomba dans un profond sommeil sans rêve.

 

Le lendemain ils atteignirent le village, enfin ce qu’il en restait. Il n’y avait que des ruines. Aucun habitant ne pouvait être vu. L’endroit était complètement désert.

-         Vous croyez que quelqu’un a déjà habité ici? demanda Rongar.

-         Il semble qu’il n’y est plus personne depuis longtemps, dit Firouz.

-         Explorons les alentours, dit Sinbad.

Ils partirent chacun de leur côté, mais ne trouvèrent rien de plus que d’autres ruines. Ils revinrent alors à leur point de départ.

-         Qu’est-ce qu’on fait maintenant? dit Doubar.

-         Nous pourrions essayer de trouver ce qui a provoqué cette catastrophe, dit Sinbad. Il doit bien y avoir quelqu’un sur cette île, sinon pourquoi Omar nous aurait-il envoyé ici?

À ce moment une jeune femme apeurée courut dans leur direction. Lorsqu’elle les vit, elle se retourna et courut dans la direction d’où elle était venue.

-         Attendez! cria Sinbad.

Sinbad courut après elle et la rattrapa en peu de temps. Lorsqu’il fut assez proche, il lui mit une main sur l’épaule pour qu’elle s’arrête. Elle se retourna et commença à se débattre.

-         Lâchez-moi! Vous êtes des leurs, lâchez-moi!

-         Calmez-vous! De quoi parlez-vous?

-         Au vieux temple… les esprits…

-         Écoutez, je vais vous lâcher à la condition que vous ne partiez pas et que vous nous expliquiez ce qui se passe.

Elle promit.

-         Très bien.

Sinbad la lâcha et elle tint parole.

-         Pour commencer, comment vous vous appelez-vous?

-         Mon nom est Ouna. J’étais le chef de ce village. Il y a quelques mois une vieille prêtresse est décédée. Depuis, des esprits hantent tout l’île. Ils sortent durant la nuit et terrorisent tout ce qu’il y a de vivants. Tout le monde est parti. Il ne reste plus que moi, enfin je crois.

-         Et que croyez-vous que ces esprits puissent être?

-         Mais je n’en ai aucune idée! Tout le monde aimait la prêtresse et sa mort fut tout un choc. Je ne sais pas ce que mon village a pu faire de si terrible pour qu’elle nous hante de la sorte.

Sinbad lança un regard à son équipage.

-         D’accord, voilà ce que nous allons faire. Attendons la nuit pour voir ces esprits en question. Ensuite nous formerons un plan.

-         Non… je ne veux pas revivre cette horreur.

-         Personne ne vous y oblige Ouna. Vous pouvez quitter l’île si vous voulez. Mais à quoi cela nous servira-t-il d’essayer de sauver ce village s’il n’y a personne pour y vivre ensuite? C’est très courageux de votre part d’être restée. Il y a encore du chemin à faire. Et cette fois vous ne serez pas seule.

Ouna réfléchit un moment.

-         Et puis nous aurions besoin d’un guide pour nous conduire au temple. Pourriez-vous nous aider?

-         Je vais vous aider. Et je vais vous conduire au temple. Mais j’ai une question. Comment pensez-vous venir à bout de tout cela?

Sinbad regarda son équipage en souriant.

-         Nous avons vaincu des sorcières, des sorciers, des démons, des monstres… je crois que nous pourrions venir à bout d’une prêtresse en folie.

-         Bien parlé Sinbad, dit Rongar.

-         Qu’est-ce que vous en pensez?

-         Je suis toujours partant pour l’aventure petit frère. Les esprits n’ont pas intérêt à se montrer!

-         Là je reconnais mon frère. Venez, nous allons établir un emplacement stratégique pour la nuit si nous ne voulons pas être surpris par ces esprits.

Ouna les conduisit dans un endroit où ils pourraient être tranquilles.

 

Ils s’installèrent jusqu’au coucher du soleil.

-         Vers qu’elle heure vos esprits sortent-ils? demanda Sinbad.

-         Vers minuit.

-         Bon très bien. Firouz tu prendras le premier quart de la nuit. Par la même occasion tu pourras terminer ta dernière invention. Qu’est-ce que c’est déjà?

-         C’est extraordinaire Sinbad. Cette petite machine que tu vois là, une fois finie aura la capacité de reproduire exactement tout ce que tu peux vois autour de toi sur un parchemin. La réflexion se fait à l’aide de miroirs qui…

-         D’accord je crois que j’ai compris. Tout est prêt? Firouz, lorsque ces esprits arriveront, tu nous réveille ou bien sonne la cloche.

Firouz acquiesça.

-         Dormez bien, dit-il.

Il alla s’asseoir un peu plus loin et se perdit dans ses calculs.

Il posa enfin son dernier fil. Théoriquement tout devrait fonctionner. Il entendit alors un gémissement. Il se leva de son poste d’observation et alla dans la direction de la voix. Il en entendit alors d’autres et vit des formes blanches transparentes lui passer par-dessus la tête. Il courut jusqu’au campement.

-         Réveillez-vous!

Il alla sonner la cloche. En peu de temps tout le monde était debout.

-         Par Allah! s’écria Doubar.

-         Incroyable! dit Sinbad.

-         Fascinant!

Firouz alla se placer en haut d’une butte et plaça sa nouvelle invention. Il vérifia les fonctions et appuya sur un bouton. Il y eut une grande lumière et puis plus rien. Sinbad vint voir ce qui avait provoqué cela.

-         Regarde, ça marche! dit Firouz tout excité.

Il lui montra le morceau de parchemin. Sinbad reconnut la forêt, le sol, mais c’était tout ce qu’il y avait.

-         Firouz, tu as bien pointé cela sur un esprit?

Le scientifique acquiesça.

-         Il n’apparaît pas sur le parchemin.

-         Comment?

Sinbad le lui donna.

-         Mais… tout a bien fonctionné pourtant.

Tout triste Firouz alla ranger sa dernière invention. Sinbad regarda plus attentivement le parchemin. Pourtant il y avait bien la forêt et le sol. Pourquoi cette forme n’était pas apparu? Il haussa les épaules et partit rejoindre les autres.

 

Les esprits continuèrent de les survoler.

-         Combien de temps cela dure-t-il? demanda Doubar.

-         Je ne sais pas exactement. Cela varie selon sa colère.

-         Sont-ils dangereux? demanda Sinbad.

-         Pas exactement. Ils ne font que faire peur.

Sinbad rangea son sabre.

-         Alors je ne vois pas pourquoi nous aurions peur s’ils ne peuvent nous blesser.

-         Sinbad a raison, remarqua Rongar. Tu as parlé de colère tout à l’heure. Voudrais-tu dire que les esprits qui sont ici serait le fruit de la colère de la prêtresse.

Ouna acquiesça.

-         Elle serait en colère après quoi? demanda Sinbad.

-         Je ne peux te répondre, répondit Ouna.

Ils entendirent des cris et deux hommes dégringolèrent la colline. Ils arrivèrent face à face avec une paire de jambes. Ils relevèrent la tête et aperçurent Rongar. Ils prirent peur et essayèrent de s’enfuir. Doubar les retenu.

-         Attendez un peu vous deux.

-         Yan, Corin! Vous n’êtes pas partis avec les autres? demanda Ouna furieuse.

Les deux jeunes hommes secouèrent la tête.

-         Qui sont-ils? demanda Doubar.

-         Ce sont mes deux fils, Yan, dit-elle en pointant le plus jeune d’environ 16 ans, et Corin, dit-elle en pointant le plus vieux d’environ 18 ans. Qu’est-ce que vous faites encore ici? gronda-t-elle.

-         Nous n’avons pas pris le bateau ça se voit non? répondit celui qui s’appelait Corin.

Un esprit passa près d’eux et ils allèrent se cacher derrière leur mère. Pas très brave pour leur âge, se dit Sinbad.

-         Qui sont-ils? demanda Yan.

-         C’est le capitaine Sinbad et son équipage. Ils sont venus ici pour nous aider.

-         Qu’est-ce qu’ils pourraient faire de plus? défia Corin.

-         Corin! s’exclama sa mère.

-         Premièrement jeune homme je ne me cacherais pas derrière ma mère, dit-il avec un sourire.

Corin, honteux, se retira rapidement.

-         Vous ne vivez pas ici, vous ne savez pas ce que ces choses peuvent faire! Vous ne savez pas dans quel frayeur nous avons vécu durant les derniers mois.

-         Je ne doute en aucun cas que vous avez eu peur. Mais pour l’instant il me semble que ces choses ne font que nous passer par-dessus la tête depuis tout à l’heure. Rien de bien menaçant.

-         Peut-être bien, mais attendez et vous verrez. Allez au temple. Revenez ensuite et dites-moi que vous n’avez pas eu la frousse.

-         Parce que tu es allé au temple! s’écria Ouna. Tu savais pourtant que je te l’avais interdit.

-         Je sais mère. Je suis désolé.

-         Cela ne changera rien de toute façon. Capitaine Sinbad, je vais vous montrer le chemin du temple si vous consentez toujours à y aller.

-         J’y consens.

Ouna prit les devants et l’équipage suivit. Ses deux fils, plus en retrait, les suivirent tout de même. Ils gravirent la petite colline et arrivèrent à un point de vue un peu plus haut et purent voir en partie l’île Yola. C’était une île magnifique enrichie de grandes ressources comme les fruits et le gibier. Ouna leur expliqua tout en marchant que sur cette île ils ne manquaient jamais de rien. Ils exportaient certains fruits qu’ils avaient en grande quantité aux îles voisines en échange de biens matériels. Son village était assez nombreux et tout le monde vivait dans l’harmonie. Sauf depuis le jour où la prêtresse est morte. Personne ne savait vraiment comment. Une rumeur circulait qu’elle avait été assassinée mais ils n’avaient aucune preuve. De plus depuis que les esprits avaient fait leur apparition les gens avaient pris peur et s’étaient enfuis. Ouna avait alors envoyé un message de détresse à Omar qui devait assurer leur protection.

-         Il semble que Omar ne soit pas bien chanceux avec l’étendue de son royaume.

Il se souvenait trop bien du jour où ils durent vaincre un cyclope. Cela avait été aussi un territoire du sultan.

 

Entre-temps les esprits avaient disparus et la nuit prenait fin. Ils purent voir au loin une petite boule de feu faire son apparition. Ouna leur pointa une forme sombre à l’horizon.

-         Voici le temple. Nous allons vous attendre ici, dit-elle en regardant ses deux garçons. À moins que bien sûr vous vouliez les accompagner.

-         Je vais les accompagner, dit fermement Corin.

-         Tu n’avais pas peur toi? remarqua Doubar.

-         Plus maintenant, rétorqua-t-il.

-         Alors moi non plus, dit Yan. J’y vais si tu y vas.

-         Nous irons tous alors, dit Ouna. Suivez-moi.

Elle les guida à travers la vallée et ils arrivèrent finalement aux portes du temple. Celles-ci avaient une inscription. Firouz l’examina mais ne réussit pas à déterminer la langue dans laquelle elle était.

-         Sais-tu ce que cela veut dire? demanda Firouz à Ouna.

-         Je n’en ai pas la moindre idée.

Une brise de vent se leva et un doux murmure se répandit dans la vallée.

-         C’est un langage très ancien, celui que les sages et les prêtres utilisaient autrefois. Ici gît mon esprit que vous avez séparé de mon corps. Ma vie m’a été volé pour le simple fait de la richesse et d’un faux bonheur. Vous qui osez pénétrer ces lieux garde à vous. Je ne cesserai d’hanter cette vie qu’est la vôtre jusqu’à ce que ma possession la plus précieuse me revienne. Dans cette endroit repose une âme incomprise qui ne trouve pas le repos Sinbad. Redonne-lui ce qu’elle demande pour que la sérénité revienne habiter cette île.

Le vent disparut en même temps que la voix.

-    Maeve… murmura Sinbad.

 

Après un long silence Ouna osa parler.

-         Qui était-ce?

-         Maeve… dit Sinbad un peu plus fort.

-         C’est qui Maeve? demanda Corin sèchement.

-         Sois poli Corin! Ils sont venus pour nous aider.

-         C’est… c’est ma femme, répondit tristement Sinbad.

-         Pourquoi n’est-elle pas ici avec vous? demanda Ouna doucement sans vouloir être indiscrète.

-         Elle… elle ne peut être ici en ce moment, répondit Doubar en vitesse.

Il voyait bien que cela ne faisait qu’éveiller de la tristesse chez son frère. Jusqu’à présent Sinbad avait essayer de tout cacher en dedans. Cela avait été facile jusqu’à présent puisque les membres de l’équipage prenaient bien soin d’en parler le moins souvent. Ouna venait de le ramener à cette dure réalité.

 

Sinbad examina la porte. Voyant que personne n’osait l’ouvrir, Rongar eut les honneurs. Une grande bourrasque de vent vint les accueillirent. Ils reculèrent de quelques pas. Le vent disparut alors comme il était venu et ils entrèrent.

 

Le temple paraissait vieux et était fait de pierre. Au milieu se trouvait une statue.

-         C’est la prêtresse, expliqua Ouna.

Sinbad voulut s’en approcher mais Ouna le retint.

-         N’approche pas, c’est un conseil.

-         Pourquoi donc?

-         Regarde.

Firouz qui n’avait rien entendu de leur conversation s’en alla examiner la statue. Lorsqu’il fut assez prêt, le temple se mit à trembler et une voix résonna.

-         Rendez-moi ce qui m’appartient! cria-t-elle.

Firouz recula lentement.

-         Mais qu’est-ce qui vous appartient que vous n’avez plus? demanda-t-il.

-         Sache ceci. La trahison règne dans cette pièce. Fous sont ceux qui ont osés voler mon amulette sacrée. Ma colère ne sera apaisée que lorsque qu’on me la rendra.

De nouvelles rafales de vent envahirent le temps. Firouz fut projeté près de Sinbad.

-         Il faut trouver cette amulette. Nous ne pouvons combattre cette chose!

-         Je sais bien Firouz. Mais nous ne savons même pas ce que c’est!

-         La prêtresse portait toujours cette amulette. Elle était sacrée. Il était écrit que si jamais quelqu’un s’en emparait, le chaos règnerait, expliqua Ouna.

-         Cette amulette dont vous parlez, avait-elle une grande valeur? demanda Sinbad.

-         Une très grande valeur. Mais personne ne serait assez fou pour la voler.

-         Quelqu’un a du le faire pourtant, remarqua Firouz. D’habitude, se calme-t-elle?

-         Oui… après un certain temps.

Sinbad soupira. Les vents devenaient de plus en plus violents. Corin et Yan étaient restés à l’extérieur du temple. Ils savaient ce que la colère de la prêtresse provoquait car ils étaient déjà venu.

-         Tu vois ce que cela t’a fait de la prendre! dit son frère furieux. Je n’aurais jamais du t’écouter et je n’aurais jamais du venir jusqu’ici avec toi. Cela ne nous a causé que des ennuis. Mère avait bien raison.

-         C’était ton choix de m’accompagner ou pas. Maintenant tu en assumes les responsabilités.

-         Ne me parle pas de responsabilité!

Ils continuèrent de se chamailler de la sorte et derrière une colonne, tapis dans l’ombre, Rongar les observait et découvrit la vérité.

 

Après un moment quelque chose frappa Sinbad.

-         Ouna, pourquoi vos enfants sont-ils allés au temple? Ils n’ont toujours pas expliqué ce qu’ils étaient venus faire.

-         Sinbad, ils n’auraient jamais fait une chose pareil. Ils savaient bien les risques que cela comprenait. Et puis Yan était terrifié de cette histoire. Il ne serait jamais venu cela j’en suis sûr.

-         Je crois que vous avez mal sous-estimé vos enfants madame.

Rongar approcha en tenant Corin et Yan par le collet.

-         Lâche-moi immédiatement! cria Corin.

-         Je te lâcherai lorsque tu leur auras expliqué ce que tu as fait.

-         Je n’ai rien fait!

-         Si! C’est lui qui a volé l’amulette. Il disait que rien n’arriverait mais il avait tord. Cela ne nous a apporté que des ennuis jusqu’à présent, confessa Yan.

Ouna regarda son fils sévèrement.

-         Dis-moi en me regardant dans les yeux que c’est faux ce qu’il vient de dire.

-         Il dit vrai, répondit sèchement Corin en lançant l’amulette à l’autre bout de la pièce.

Sinbad alla le ramasser en vitesse. Il s’avança vers la prêtresse en furie.

-         Rend-la moi! cria-t-elle.

-         Oui je viens vous la rendre. Mais promettez-moi que vous ne terroriserez plus jamais cette île et plus aucune autre.

-         Je le promets. Rend-moi mon bien.

Sinbad le déposa sur l’autel.

-         Tu es un homme bon Sinbad. Mais ces garnements doivent payer pour leur crime.

-         Ne pourrais-tu pas leur accorder le pardon?

-         Ils m’ont enlevé la vie, comment pourrais-je leur accorder une telle chose?

-         Car je suis sûr que vous êtes une bonne personne. Et votre esprit ne sera terrassé que par un désir de vengeance jusqu’à la fin de votre vie. Les tuer ne règlerait rien. Tout le monde ici ne veut que regagner la paix de leur foyer. Ce qu’ils ont fait est impardonnable et peut-être tout ceci leur servira de leçon. Je vous demande grâce, accordez-leur la vie.

Tout le temple eut une grosse secousse et puis plus rien. La prêtresse disparut et tout redevint calme. Sinbad revint rejoindre son équipage. Il regarda les deux garçons.

-         J’espère que ce qui s’est passé aujourd’hui vous a appris quelque chose. Et j’espère que vous prenez compte que vos actes ont failli vous enlever la vie. Quant à toi Corin, tuer pour la richesse n’amène rien de bon. Le vrai bonheur se trouve au fond du cœur et non dans l’or. Prends-en note.

-         Qu’est-ce que vous allez faire de nous? demanda timidement Yan.

-         Je n’ai rien à vous faire, répondit Sinbad. Je ne suis pas responsable de vous. De plus je crois que votre mère sait déjà un peu ce qu’elle compte faire. Nous vous les laissons Ouna.

Elle lui adressa un grand sourire de remerciement et regarda ses garçons sévèrement.

-         Retournez au village, immédiatement! dit-elle fermement.

Têtes baissées, ils sortirent du temple. Ouna se tourna vers Sinbad.

-         Je ne sais comment vous remercier. Vous êtes vraiment quelqu’un Sinbad.

-         Je ne suis qu’un simple marin. Vous n’avez pas à me remercier. Prenez soin de vos enfants, et qu’ils ne fassent plus de bêtises de la sorte.

-         Oh ne vous inquiétez pas. Je les aurai à l’œil. Remerciez le sultan en passant. Et… si vous pouviez faire parvenir la nouvelle qu’il n’y a plus rien à craindre sur l’île je vous en serais vraiment reconnaissante. Il me manque de voir les villageois.

-         Nous ferons tout cela en arrivant à Bassora.

Sinbad fit signe à son équipage et ils prirent la route du retour vers la mer. Ouna leur envoya la main et partit rejoindre ses garnements au village.

 À suivre... dans La sorcière des dragons