La séparation

par StarLight

Partie 3: Les larmes de l'amour

 

 

Le Nomade avançait à vive allure sur une mer plutôt calme sous un ciel complètement bleu avec la lumière d’un soleil vif et brillant.

-         Il va avoir toute une surprise, dit Maeve à Dermott près d’elle.

Les deux se trouvaient à l’avant du bateau et se laissait caresser par le vent. Ils étaient en direction d’Eire dans le but de revoir Théod et Taya. Maeve avait promis à Théod de lui ramener Dermott sous sa forme humaine et c’est ce qu’elle allait faire. Et en plus elle était impatiente de revoir sa nourrisse qui lui avait été une si précieuse amie.

-         Il n’y a aucun doute là dessus. Tu as bien tenu ta promesse petite sœur, dit-il avec un sourire en coin.

Maeve lui rendit son sourire et continua de fixer l’horizon. Elle fut soudain prise d’une nausée et dû se retenir à la rampe de bois qui bordait le bateau. Dermott la regarda soucieusement.

-         Est-ce que ça va?

-         Oui… c’est juste… encore ces nausées.

-         Veux-tu descendre…?

-         Non, dit-elle fermement. Ça va passer… ça passe tout le temps.

-         Comme tu veux.

Il mit une main encourageante sur son épaule et contempla l’océan devant lui. Cela faisait bizarre maintenant de se tenir à côté de sa sœur et non sur le mât au-dessus d’eux. Sinbad arriva derrière eux et brisa le cours de ses pensées.

-         Nous devrions arriver dans moins d’une journée.

Dermott acquiesça. Voyant que Maeve ne fit rien il se tourna vers elle.

-         Maeve tu vas bien? demanda-t-il inquiet.

Elle ne répondit pas puisqu’elle essayait de combattre une nouvelle nausée. Sinbad se tourna vers Dermott comme pour avoir un signe. Ce dernier acquiesça et il comprit. Il ne pouvait cependant rien faire pour l’aider, elle devait combattre cela seule. Malheureusement elle perdit la bataille et vomit dans l’océan. Sinbad passa son bras autour de ses épaules pour essayer de la réconforter.

-         Peut-être qu’en fin de compte je ne vais pas si bien que ça.

Elle s’excusa et alla se reposer dans sa cabine. Sinbad alla voir Firouz.

-         Est-ce normal ce qu’elle a?

-         Bien cela dépend d’une personne à l’autre. Peut-être que dans son cas c’est plus difficile.

-         Aurais-tu quelque chose pour l’aider? demanda-t-il.

-         Il y aurait peut-être une tisane que je viens d’inventer.

-         L’as-tu testé cette tisane ? demanda Sinbad plus trop sûr.

-         Hé bien… non je ne l’ai pas testé.

-         Alors je crois que nous allons laisser Mère Nature faire le travail, dit Sinbad. Merci quand même Firouz.

-         Il n’y a pas de quoi voyons, répondit-il.

Sinbad le salua et alla relier Doubar à la barre.

-         Maeve ne va pas très bien depuis les derniers jours, remarqua Doubar.

-         Je sais. J’espère qu’elle ira mieux bientôt.

Doubar lui sourit et descendit à l’étage inférieur.

 

Maeve s’était étendu dans son lit mais ne trouvait pas le sommeil. Cairpra lui avait bien indiqué que puisque sa grossesse serait plus courte, ce serait plus douloureux. Elle se demanda à ce moment si elle n’aurait pas préféré avoir un enfant normal. Comme si son corps répondait à ses pensées elle se sentit mieux et put se lever sans être étourdie. Elle marcha un peu et décida qu’elle se sentait assez bien pour monter sur le pont. Il s’était écoulé plusieurs heures depuis qu’elle était descendue et le soir devait être tombé maintenant. Elle monta sur le pont et remarqua le ciel sombre mais teinté d’un rose magnifique près du soleil couchant. Elle vit Sinbad qui tenait la barre et alla vers lui. Sinbad la vit arriver et laissa la barre à Rongar.

-         Tu es sûr que tu vas bien… ? Tu devrais peut-être redescendre et…

-         Sinbad ! Si je suis montée c’est que j’allais bien d’accord ?

Sinbad lui sourit. Talia arriva en souriant.

-         Alors comment va la future maman ? dit-elle en souriant.

Talia avait décidé de rester un peu avec eux, avec l’accord de Sinbad bien sûr. Elle avait laissé son bateau à son second et avait ordonné de retourner à Bassora et de prendre des jours de repos.

-         Je vais mieux maintenant.

-         Mais c’est merveilleux ! Bon excusez-moi mais je vais aller tenir compagnie à Rongar. Il paraît si seul à la barre.

Elle partit en emportant avec elle son sourire si joyeux.

-         Elle est toujours heureuse celle-là ? demanda-t-elle.

-         La plupart du temps, répondit Sinbad.

Il l’entraîna à l’avant du bateau où ils avaient l’habitude de s’asseoir. Sinbad l’aida à trouver une position confortable et s’assit à son tour.

-         Quel nom aura-t-il ? demanda Sinbad.

-         Quel nom aura-t-elle, corrigea Maeve.

-         Comment peux-tu savoir que ce sera une fille ?

-         J’en ai le pressentiment c’est tout, répondit-elle simplement. Je suis sûre que ce sera une fille.

-         Si c’est une fille, comment voudrais-tu l’appeler ?

Maeve réfléchit un moment.

-         Je n’y avais pas vraiment pensé. Que dirais-tu de Lyana ?

-         Lyana ? Peut-être… pourquoi pas Sarnia ?

Maeve fit une grimace.

-         Ce n’était qu’une suggestion, se défendit Sinbad. Carla ?

-         J’opterais plutôt pour Yannie.

Ce fut au tour de Sinbad de faire une grimace.

-         Taya ? Ça nous rappellerait ma nourrisse.

-         Cela sonne trop vieux, répliqua Sinbad. Ne le prends pas mal.

Ils réfléchirent un moment.

-         Olivia ?

-         Jamais de la vie ! s’exclama Maeve.

-         On n’en trouvera jamais, dit Sinbad.

-         On va bien finir par trouver ! Où est passé ton optimisme ? dit-elle en souriant.

-         Il est toujours là ne t’inquiète pas. Mais il est tard alors on se cassera la tête demain, dit-il avec un sourire.

Il lui tendit la main pour l’aider à se relever et ensemble ils descendirent se coucher.

 

Tout était noir autour de lui.

-         Si tu l’aimes vraiment tu devras la laisser partir, lui laisser faire ses propres choix.

-         Tu n’es pas qu’un simple être humain…

-         Qu’est-ce que vous essayer de me dire ? demanda-t-il.

-         Tu es l’être choisi pour représenter le bien durant le combat final.

Il vit des flammes.

-         On se reverra, dit Scratch. Et plus vite que tu ne le crois.

-         La perte d’un être cher ne devra pas te perturber durant le combat.

-         Qui ? dit-il.

Tout redevint noir.

-         C’est ce qui va arriver si tu échoues dans ta destinée.

-         Maeve et toi serez séparé. Il ne dépendra que de toi si elle reviendra ou non.

-         Mais je ne veux pas qu’elle parte ! s’exclama-t-il.

Sinbad se réveilla en sursaut. Ce rêve l’avait hanté depuis les derniers jours. Il n’arrivait pas à chasser ces paroles de son esprit. Il ferma les yeux en espérant dormir paisiblement.

 

Ils atteignirent Eire durant la nuit. Doubar qui magnait la barre à cette heure arrêta au port et décida de ne réveiller personne. Tous avaient bien besoin de leur nuit de sommeil, spécialement Maeve.

 

Le matin vint vite et ils partirent très tôt en route vers le palais. Durant leur première heure de marche tout se passa bien. Ils atteignirent le village assez vite. Maeve leur indiqua ensuite la route à prendre car la première qu’ils étaient venus ils n’avaient pas eu la chance de voir leur chemin.

 

Ils empruntèrent un sentier à travers la forêt lorsqu’ils entendirent le bruit de chevaux qui venaient dans leur direction. Ils se retournèrent devant les hommes armés qui s’arrêtèrent lorsqu’ils les aperçurent. Ils descendirent de leur monture et les attaquèrent. L’équipage de Sinbad fut surpris mais se battirent tout de même pour sauver leur vie. Ils ne savaient pas ce que ces guerriers leur voulaient mais manifestement ce n’était pas pour une bonne cause. Les guerriers étaient entraînés et la bataille fut difficile.

-         Qu’est-ce que vous voulez ? demanda Sinbad tout en se battant.

-         Seulement vos vies, répondit celui en avant de lui.

Il ne lâcha pas prise sur Sinbad.

-         Est-ce que vous savez au moins à qui vous vous attaquez ? demanda Dermott.

-         Si justement, dit l’un d’eux.

Dermott n’y comprenait rien. S’attaquer aux membres de la royauté était un crime très grave. Cependant ces guerriers ne semblaient rien craindre. Il se demanda ce qu’ils pouvaient bien avoir contre eux. Soudain un gémissement attira son attention. Il se tourna vers sa sœur qui semblait avoir quelques problèmes avec les guerriers autour d’elle. Il alla dans sa direction pour l’aider. Maeve lui en fut bien reconnaissante. Doubar se débrouillait très bien et Rongar, Talia et Firouz s’entraidaient. Sinbad reçut alors un mauvais coup et tomba à genou.

-         Sinbad ! cria Maeve.

Elle essaya de se frayer un chemin vers lui. Un guerrier en profita et lança une grosse pierre à ses pieds et Maeve trébucha. Dermott vit le guerrier s’approcher de sa sœur et cria son nom. Maeve ne fut pas assez rapide et poussa un cri lorsque la lame s’enfonça dans son dos.

-         Maeve ! cria Sinbad.

Elle s’effondra sur le sol. Le guerrier retira sa hache fièrement. Dermott se précipita vers lui et lui sauta dessus. Ils roulèrent dans une pente et Dermott prit le dessus. À l’aide de son épée il lui trancha la gorge.

 

Pendant ce temps Sinbad alla voir Maeve étendue sur le sol. Il arriva juste à temps pour voir la blessure briller d’un bleu électrique. Elle se referma peu à peu et lorsque la lumière s’éteint il n’y avait aucune cicatrice, aucune trace de sang. Les autres guerriers prirent peur et s’enfuirent. Dermott passa la main dans le dos de Maeve en lui demandant si cela lui faisait mal. Elle secoua la tête.

-         Incroyable… murmura Firouz.

Dermott aida sa sœur à se relever. Elle y arriva mais dû tout de même s’appuyer sur son frère.

-         Maeve… peux-tu expliquer ce qui vient de se passer ? demanda Doubar.

-         Je n’en ai pas la moindre idée Doubar…

Elle mit la main sur son ventre.

-         C’est comme si l’enfant la protégeait, remarqua Talia.

-         Impossible ! coupa Firouz.

-         Tu as une meilleure idée ? défendit Rongar.

Sinbad vint se mettre entre les deux.

-         Cela ne sert à rien de se disputer. L’important c’est que Maeve n’est rien, enfin je crois, dit-il en se tournant vers.

-         Je… je vais bien, assura-t-elle. Qui était ces guerriers ?

-         Je n’en ai pas la moindre idée. Allons au château et peut-être nous y trouverons des réponses, dit Dermott.

Les autres furent d’accord et ils continuèrent leur chemin.

Il n’y eut plus d’autres problèmes avant d’arriver au château. Les gardes reconnurent Maeve et les laissèrent entrer sans problème contrairement à la première fois. Ils furent très bien reçus et surprirent Théod en pleine conférence. Il arrêta sa phrase en plein milieu et tout le monde se retourna pour voir les nouveaux arrivés. Théod courut serrer sa sœur bien fort dans ses bras.

-         Maeve ! Comment vas-tu ?

-         Je vais très bien frérot. Et je t’ai apporté une surprise, dit-elle avec un grand sourire.

Elle se tassa et Théod remarqua un nouveau membre dans l’équipage. Il vit qu’il avait des cheveux roux très foncés comme lui et des yeux bruns chocolat. Il secoua la tête lentement.

-         Dermott… prononça-t-il lentement.

Il se tourna vers Maeve. Cette dernière acquiesça.

-         Content de te revoir Théod, dit Dermott en serrant son frère dans ses bras.

Par-dessus l’épaule de son frère Théod regarda Maeve.

-         Tu as finalement réussi ? Je n’arrive pas à le croire.

Les deux frères partirent un peu plus loin pour se parler plus en privé.

-         Où est Taya ? demanda Maeve.

-         Quelqu’un m’a appelé ?

Taya se créa un passage à travers l’équipage de Sinbad.

-         Mademoiselle ! Vous êtes revenu ! s’écria la vieille dame.

-         Taya !

Elle se serrèrent bien fort.

-         Alors comment va tout le monde ? demanda la vieille dame d’un ton enjoué.

-         Tout le monde va bien, répondit Sinbad. Nous passions dans le coin alors nous avons décidé de faire un arrêt. Avons-nous dérangé quelque chose ? demanda-t-il à l’intention des hommes qui se trouvaient là.

-         Ce n’est rien, dit Théod en revenant. Mais vous devrez m’excuser je dois terminer cette conférence. Passez dans la salle de repos et je vous y rejoindrai.

Taya accepta de les conduire et ils la suivirent.

 

Doubar se trouva un bon coussin sur lequel il put s’allonger pendant que des servantes lui apportèrent de la nourriture. Talia et Rongar partagèrent un fauteuil, Firouz essayait d’enseigner le langage des signes à Talia pendant que Sinbad, Maeve et Taya parlaient dans un coin de la pièce.

-         Vous êtes mariés ! s’exclama Taya toute excitée. Mais quelle merveilleuse nouvelle !

Maeve et Sinbad échangèrent un sourire.

-         Je vois que vous avez pris du poids mademoiselle. Vous devriez vous surveiller un peu.

-         C’est parce que nous attendons un enfant, dit Sinbad ayant vu l’embarras de Maeve.

-         Un enfant ? Un petit garçon ou une petite fille, comme c’est merveilleux !

-         Maeve est persuadé que ce sera une fille.

-         Quel nom lui donnerez-vous ?

-         Nous ne savons pas encore, dit Maeve. Sinbad rejette tout ce que je propose.

-         Et tu fais la même chose ! se défendit-il.

-         Que diriez-vous de… Kyria ?

-         J’opterais plutôt pour Amanda, dit Maeve.

-         Pourquoi pas Jasmine ?

Les trois partirent à rire.

-         Nous n’y arriverons jamais, dit Maeve.

-         J’ai déjà entendu ça quelque part, remarqua Sinbad.

-         Quoi qu’il en soit je suis sûre que ce sera le plus beau nom du monde, dit Taya.

 

Pendant ce temps Firouz enseignait quelques signes à Talia. Elle réussit à dire une phrase. Rongar lui répondit et avec l’aide de Firouz elle comprit.

-         Bravo Talia ! Mais tu apprends vite ! dit Firouz.

Talia lui sourit.

-         Apprends-moi encore, dit-elle.

Firouz continua de lui montrer de nouveaux signes. Dermott et Théod arrivèrent dans la salle.

-         Maeve, puis-je te parler ? demanda Dermott.

-         Bien sûr.

Elle se leva avec un regard interrogateur. Dermott l’entraîna à l’extérieur.

-         Tu te souviens de Ramia ?

-         Trop bien malheureusement.

-         Elle avait de bons contacts à travers le pays, poursuivit Dermott. Les attaques comme nous avons reçu tout à l’heure n’étaient pas le fruit du hasard. Ces attaques ont commencé quelques jours après notre départ.

Maeve acquiesça lentement.

-         Tu ne vas pas aimé la suite. Kermina voulut venger la mort de sa sœur et avec l’aide d’un sorcier, Tristan. Ils font la vie dure au royaume. Tu te rappelle de lui sûrement. Ils ont mis leurs forces ensemble pour faire plus de ravage. La plupart des villageois se sont cachés à travers l’enceinte du château car il est plus dur de les attaquer. Un des espions de Théod a pu avoir des information et il paraîtrait que les forces ennemis préparent une grande attaque qui se produirait durant les prochains jours, ici même au château. Théod a demandé l’aide des villages voisins durant l’après-midi mais ils sont tous terrifiés.

-         Nous devons absolument les aider ! dit Maeve.

-         Je n’ai pas dit le contraire. Te sens-tu en état ?

-         Cela n’a aucune importance Dermott. C’est de notre royaume dont il est question et il n’est pas question que je l’abandonne. Je vais de ce pas en parler à Sinbad.

Elle rentra au château et Dermott n’eut d’autres choix que de la suivre.

 

Après quelques explications Sinbad fut sur pied.

-         Nous allons commencer à préparer une défense sur-le-champ. Firouz tu crois pouvoir dessiner les plans ?

Il acquiesça.

-         Doubar et Rongar, prenez quelques hommes et allez en forêt pour trouver des troncs d’arbres qui pourraient nous aider à construire des armes. Talia tu peux aller les aider toi aussi. Maeve et Dermott, allez parler aux villageois et prenez ceux qui pourraient nous aider. Quant à moi je vais essayer d’aller convaincre les chefs des autres villages pour qu’ils nous aident.

Tout le monde partit dans des directions différentes pour se mettre au travail.

 

Lorsque Maeve et Dermott parlèrent qu’il y aurait une attaque les villageois commencèrent à paniquer. Ils essayèrent de les réconforter en leur disant que la situation était entre bonnes mains et qu’ils feraient tout pour les arrêter et que personne ne serait blesser. Ils purent trouver une quantité considérable d’hommes qui voulaient défendre leur terre. Ils leur montrèrent alors comment se battre en leur apprenant les bases. Les villageois n’étaient pas des très agressifs mais savaient tout de même comment se battre et Maeve et Dermott jugèrent que c’était grandement suffisant. Ils passèrent la soirée à leur montrer de nouvelles habiletés avec l’épée. Ils trouvèrent finalement de bons combattants.

 

Doubar ramassa les villageois les plus costauds et ils partirent couper du bois dans les environs du château. Le travail avançait bien. À un moment Rongar se jeta sur Talia et elle fut projeté à quelques pieds de l’endroit où elle se trouvait. Elle se releva en vitesse.

-         Rongar mais qu’est-ce que…

Rongar lui fit un signe vers l’endroit où elle se trouvait quelques instants plus tôt. Un gigantesque tronc d’arbre l’aurait totalement écrasé. Elle regardait dans l’autre direction alors elle n’aurait put le voir. Elle porta son attention sur Rongar, sur qui elle avait porté sa colère.

-         Oh Rongar je suis désolé… je…

-         Ce n’est rien Talia.

Il repartit dans la direction d’où il était venu et continua de travailler. Talia s’en voulu d’avoir été brusque avec lui mais n’eut pas la chance de lui en faire part. Elle continua de tailler sa lance et alla les aider les autres jusqu’à ce que le soir tombe.

 

Sinbad était dans la salle de conférence avec Théod.

-         Pourquoi ne voulez-vous pas nous aider ? demanda-t-il.

-         Comme nous l’avons expliqué au roi nous ne voulons sacrifier les vies de nos villages, dit l’un des chefs.

-         Mais nous avons absolument besoin de votre aide pour mener une attaque efficace, poursuivit Sinbad. Si vous ne nous aidez pas et que nous perdons vos villages seront les prochaines victimes.

-         Je vais prendre soin de mon village. Prenez soin du vôtre, dit-il en partant.

Les autres chefs partirent ensuite. Sinbad se tourna découragé vers Théod.

-         Ils ne veulent absolument pas comprendre.

-         Ils ne voient pas le danger qui les guette. Tant que c’est sur nous que l’attaque se pose, eux n’ont pas de problèmes. Penses-tu que nous avons une chance ?

-         Je crois toujours que nous avons une chance de battre qui que ce soit. Il suffit d’avoir un bon plan et de bons combattants. Il va bientôt faire nuit, allons voir comment les autres s’en tire, dit Sinbad.

Théod le suivit à l’extérieur.

 

Durant les jours qui suivirent tout le monde s’affairait à s’entraîner ou à construire des armes. Avec l’aide de Firouz ils mirent au point un bon plan de défense. Un jour un des espions de Théod revint.

-         Mon roi ! Cette fois ils vont le faire, ils vont nous attaquer ! Ils ont dit qu’ils attaqueraient ce soir au coucher du soleil.

-         Beau travail Din. Finissons la contre-attaque, dit Théod.

Le soleil allait se coucher dans quelques heures et ils n’avaient plus une minute à perdre. Lorsque les premiers rayons orangés firent leur apparition, ils barricadèrent les femmes et les enfants dans les sous-sols du château. Maeve et Firouz en aurait la garde. Aucun guerrier ne devait atteindre cette porte. Ils seraient tout de fois aidés de quelques villageois. Le reste se battraient sur la place principale.

 

En attendant que les attaquant fassent leur arrivé, ils attendaient tous dans les murailles du château.

-         Fais attention à toi petite sœur, dit Dermott.

-         Toi aussi Dermott. Surveille bien Théod.

-         Je n’y manquerais pas, lui dit-il avec un sourire.

Il serra sa sœur dans ses bras. Il alla ensuite voir Théod. Sinbad s’approcha de Maeve.

-         Maeve…

-         Je sais il faut que je sois prudente, dit-elle en souriant.

-         C’est exactement ça.

Il passa la main sur sa joue. Maeve plongea son regard dans ses yeux bleus.

-         Je ne veux pas te perdre ce soir, dit-elle.

-         Tu ne me perdras pas, promit-il.

Il se pencha et l’embrassa tendrement.

-         Je dois regagner mon poste maintenant, dit Maeve.

Elle partit en donnant un dernier regard à Sinbad. Elle alla se placer devant la grande porte en fer qui bloquait l’entrée de la pièce où se trouvait les villageois. Firouz vint vite la rejoindre.

 

Talia et Rongar se tenait dans le haut des murailles avec des arcs et des flèches. Talia regarda le soleil au loin en train de se coucher en souhaitant se réveiller le lendemain toujours en vie. Elle regarda du coin de l’œil Rongar. Il se tenait là, droit et fier, sans avoir l’air d’avoir peur. Elle l’envia durant un moment. Rongar la regarda à son tour du coin de l’œil. C’était étrange car lorsqu’elle se tenait près de lui il se sentait tout drôle. Et même s’il ne le laissait pas paraître en ce moment il avait peur. Peur de la tournure de la bataille et peur de ne plus avoir à la protéger. Peur de la perdre. Tout à coup leurs regards se croisèrent. Talia se mordit la lèvre inférieure en songeant à ce qui pourrait se produire dans les prochains instants. Elle n’eut pas le temps d’y songer bien longtemps puisqu’elle se rendit compte que ses lèvres en rencontrèrent d’autres.

 

Leur baiser ne dura qu’un court moment puisque la sentinelle sonna l’alarme. Des flèches enflammées traversèrent les murailles du château et vinrent brûler l’herbe sèche qui se trouvait de l’autre côté. En hurlant des guerriers agrippèrent les remparts. Des villageois courraient dans tous les sens en coupant les cordes ennemies ou bien en versant de l’huile brûlante sur ceux qui essayaient de monter. Certains tombaient dans le ravin au bas du château et certains réussirent à passer. Talia et Rongar tiraient des flèches et en esquivaient. Pendant ce temps Sinbad et les autres attendaient derrière la porte principale, prêts à attaquer.

 

Finalement ils réussirent à la défoncer, cédant le passage aux centaines de guerriers ennemis. Les hommes se battaient rarement à mains nues et les armes meurtrières étaient sans pitié. Sinbad n’avait aucun moment de répit et les autres non plus d’ailleurs. Ils semblaient avoir de ces guerriers partout autour d’eux. Même après une heure de bataille acharnée, ils étaient toujours aussi nombreux.

-         Doubar ! Vas voir si Maeve et Firouz n’ont pas de problèmes. Reste de là-bas pour les aider si nécessaire.

-         Entendu petit frère.

Il partit à la course à l’opposé de la grande bataille. Il trouva Maeve et Firouz les bras chargés. Il vint leur prêter main forte et ils en furent bien reconnaissant. Lorsque le dernier guerrier tomba Firouz poussa un soupir.

-         Ils ne semblent pas encore avoir trouvé cette cachette. C’était les premiers que nous avions, dit-il.

-         C’est très bien, dit Doubar. Vous vous en tirez bien ?

Ils acquiescèrent.

-         Je vais retourner voir Sinbad dans ce cas. Jusqu’ici la bataille se déroule relativement bien, nous n’avons aucune grande perte.

Cela eut l’effet d’un grand soulagement pour Maeve et Firouz. Doubar partit en courant vers le champ de bataille. De nouveaux guerriers vinrent les attaquer mais Maeve et Firouz furent capable de se débrouiller seuls. À l’intérieur des enfants pleuraient et les mères essayaient de les réconforter.

-         J’ai peur Lyliana, dit une petite fille.

-         Tout va bien aller, la rassura sa sœur. Tu vas voir… nous allons bientôt sortir d’ici et tout redeviendra comme avant.

Elle chassa les larmes des joues de sa sœur et se dit à elle-même.

-         Du moins je l’espère.

Sinbad en finit avec un guerrier et le poussa sur le sol.

-         Et puis Doubar ?

-         Tout va bien là-bas.

Doubar donna un bon coup de poing à celui en face de lui et eut un autre partenaire.

-         Comment se débrouille les autres ?

-         Talia et Rongar continuent de tirer des flèches et Dermott n’a aucun problème. Je dirais plutôt qu’il en cause à nos ennemis, dit-il avec un sourire.

Sinbad finit d’un autre à l’aide d’un coup de poing.

-         Et Théod ? demanda Dermott en s’approchant de la conversation.

-         Je l’ai vu à l’est du château tout à l’heure. Il se débrouillait bien.

Dermott acquiesça lentement.

-         Je vais aller voir ce qui se passe de ce côté-là. J’ai promis à Maeve de veiller sur lui.

-         Vas-y, dit Sinbad.

Dermott se libéra de son adversaire et se dirigea vers l’est du château.

 

Dans le haut de la palissade Rongar commençait à être à court de flèches. Heureusement que Sinbad lui avait fourni un autre set de poignards. Il en aurait bien besoin. Un guerrier essaya de monter à une corde mais Rongar le fit redescendre assez vite. De son côté Talia aussi commençait à manquer de flèches. Il lui en restait une dizaine et après elle devrait combattre à l’épée. Un homme monta l’échelle qui se trouvait derrière elle et la prit par surprise. Un poignard fendit l’air et l’homme tomba d’où il venait. Talia se tourna vers son sauveur.

-         Je ne sais pas ce que je ferais sans toi Rongar.

Rongar lui sourit et sortit son épée. Cela avait été son dernier poignard.

-         Descendons rejoindre les autres en bas. Il est risqué de recevoir des flèches. Maintenant que nous n’en avons plus à tirer nous n’avons plus rien à faire ici.

Talia acquiesça et ils descendirent l’échelle pour aller rejoindre la bataille.

 

Dermott tourna le coin d’un mûr. Il avait enfin rejoint le côté est. Il vit des villageois et des guerriers se battrent un peu partout autour de lui et chercha Théod des yeux. Finalement il le trouva près d’une charrue en train de se battre avec deux hommes en même temps. Théod désarma l’un deux et il s’enfuit. Un combat à l’épée commença mais Théod tint bon. Il envoya promener son adversaire un peu plus loin. Soudain un homme en cheval blanc arriva. Il descendit lentement et se dirigea vers Théod.

-         Alors voici le roi en personne, dit l’homme en noir.

-         Et à qui aie-je l’honneur de parler ?

-         On me surnomme le fantôme de la nuit. Mais si tu veux connaître mon vrai nom tu devras me tuer et me démasquer ensuite.

-         Cela ne devrait pas être un problème.

-         Voyant si tu es aussi vif à l’épée que tu l’es avec ta langue.

Il sortit une grande épée brillante de son manteau noir. Théod serra la sienne bien fort. Ils commencèrent à marcher, formant un grand cercle. L’homme en noir donna le premier coup d’épée. Théod réussit à l’esquiver et en donna un lui aussi. Il fut aussi esquivé et la bataille continua. Plus que le temps passait plus que la bataille devenait féroce. L’homme en noir se révéla à être un très bon combattant mais Théod se défendait du mieux qu’il pouvait. La bataille dura un long moment. Théod commença à faiblir. Il n’était pas un expert en combat d’épée. Son père lui avait appris à la manier mais c’était tout. D’un coup vif l’homme en noir envoya son épée dans une botte de foin à quelques mètres d’eux. Théod se retrouva complètement désarmé et sans défense. Il recula de quelques pas. Dermott regardait la scène avec horreur et se décida finalement à intervenir. Mais il était trop loin… trop loin… et ne fut pas assez rapide. L’homme en noir enfonça avec rage son épée dans la poitrine de Théod. Il poussa un hurlement lorsque la lame lui transperça la chair.

-         Non !

Un long cri de désespoir s’était échappé de la bouche de Dermott. L’homme retira son épée et Théod s’effondra sur le sol. Dermott se fraya un chemin à travers les gens qui se battaient et arriva près de son frère. Il lui prit doucement la main.

-         Veille… veille bien sur Maeve… Dermott… elle n’a plus… plus que toi maintenant…

-         Je veillerai sur elle cher frère. Je te le promets.

-         Merci Dermott… je ne sais pas où je m’en vais… mais j’y vais seul.

Il eut son dernier souffle. Dermott ferma ses paupières doucement et serra les poings. Il se leva et pointa l’homme en noir.

-         Toi… ! Tu vas payer pour la mort de mon frère !

-         Je t’attends, dit-il.

Dermott ramassa un vieux bouclier qui traînait sur le sol et sortit son épée. Il fonça sur le tueur de son frère avec rage. Leur épée se touchèrent en faisant un grand bruit. Dermott laissa sortir ses émotions et cela lui donna plus de force que jamais. Il se battait avec rigueur et encaissait tous les coups qu’il recevait. Il ne tomba jamais. Bien enfoncé dans le sol, ses jambes le soutenait à chaque nouveau coup. Il tenait son épée bien fort et frappait de toutes ses forces son adversaire. À un moment ce dernier tomba sur le sol et sa capuche tomba. Dermott reconnu l’homme aux cheveux blonds qui se trouvait devant lui.

-         Tristan !

-         C’est bien moi. Et toi qui ose m’attaquer, qui es-tu ?

-         Je suis le frère de Maeve et Théod, Dermott.

-         Ha… c’était donc toi l’oiseau…

Dermott eut assez du bavardage et ne lui laissa pas la chance de se relever et le frappa d’un coup de pied. Tristan roula sur le sol. Il essaya de se lever mais Dermott le frappa dans le ventre. Il s’effondra sur le sol en lâchant son épée. Dermott la prit et la lança dans les airs. Il pointa le bout de la sienne devant le cœur de son adversaire. Tristan murmura une incantation mais Dermott  leva son bouclier et Tristan reçu l’effet de sa propre magie. Cela l’affaiblit encore plus.

-         Pour le mal que tu as causé à ma sœur et pour la mort de mon frère.

Dermott allongea le bras et son épée pénétra le cœur de Tristan. Il mourut du coup. Un son de cloche retentit.

-         Retraite ! Ils sont beaucoup trop nombreux ! l’un des guerriers cria.

Sinbad monta sur la galerie et put voir les autres villages se joindrent à eux.

-         Ils sont finalement venus, dit-il.

Il descendit et alla accueillir le chef auquel il avait parlé quelques jours plus tôt.

-         Nous avons compris que nous en avions assez de vivre dans la terreur. Nous venons vous aider.

-         Vous êtes les bienvenus. Ils commencent à battre en retraire. Nous aideriez-vous à faire le ménage ?

-         Avec joie.

Le chef descendit de son cheval et sortit son épée. Il rassembla ses hommes et ensemble ils chassèrent la force ennemie.

 

Pendant ce temps Dermott alla voir son frère.

-         Pardonne-moi Maeve… je n’ai pas tenu ma promesse de veiller sur lui, dit-il.

Il se leva et vit que les forces des villages voisins avaient joins leur force à la leur. Il se mit de la bataille et en peu de temps tous furent chassés.  Rongar et Talia allèrent rejoindre Sinbad et Doubar.

-         Tout le monde va bien ? demanda Talia.

Ils acquiescèrent.

-         Allons voir Maeve et Firouz, dit Doubar.

Ils coururent vers la grande porte en fer où Firouz finit le dernier guerrier à l’aide d’un coup de poing.

-         Qui d’autre veut essayer de passer ? cria-t-il.

Maeve se contenta de rire. Lorsqu’elle vit Sinbad arriver elle se précipita dans ses bras. Il la serra bien fort contre lui. Ensuite elle s’éloigna et remarqua son bras tout en sang.

-         Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?

Elle toucha le bout de la blessure mais Sinbad eut un mouvement de recul.

-         Ce n’est rien… c’est juste une égratignure.

-         Firouz devra la regarder, dit-elle fermement. Où est donc Dermott ?

-         Il était partit du côté est.

-         Je vais aller le voir.

Elle le laissa et courut dans cette direction.

 

Maeve le trouva à mis-chemin. En la voyant Dermott courut dans sa direction et la serra dans ses bras. Maeve sentit son épaule se mouiller. Elle se défit de l’étreinte et vit que Dermott pleurait.

-         Pourquoi ces larmes ? demanda-t-elle lentement.

-         Des larmes de joie sont parce que tu es en vie.

Maeve lui sourit.

-         Et celles de peine… ? demanda-t-elle avec un peu de frayeur dans sa voix.

-         Je n’ai pas tenu ma promesse Maeve.

Maeve le regarda curieusement ne voulant pas croire la petite voix au fond d’elle.

-         Qu’est-ce que tu essaies de me dire ?

-         J’avais promis de veiller sur lui.

Une larme coula sur la joue de Maeve lorsqu’elle comprit. Ses mains se portèrent à sa bouche.

-         J’étais trop loin… je… je ne fut pas assez rapide pour le sauver… l’épée…

Dermott la serra encore une fois contre lui.

-         Ou est-il ?

Dermott la conduisit au corps qui reposait toujours près de la charrette. Maeve s’agenouilla près de son frère. Elle vit la plaie dans sa poitrine et cela lui fit un pincement au cœur.

-         Qui lui a fait ça ? demanda-t-elle.

-         C’est Tristan qui l’a tué, dit-il.

-         Où est-il maintenant ?

-         En enfer, dit-il.

Maeve se retourna.

-         Il est mort ?

Dermott acquiesça.

-         Je l’ai tué.

Maeve s’approcha de son frère et lui prit la main. Aucune parole n’eut besoin d’être prononcée. Dermott passa un bras autour des épaules de sa sœur et ils retournèrent près de la grande porte en métal où les autres les attendaient.

 

Ils trouvèrent Doubar en train de l’ouvrir. Les villageois, craintifs, commencèrent à sortir lentement. Rongar, Talia, Firouz, Doubar et Dermott les accueillirent. Lyliana prit la main de sa petite sœur et suivit les autres devant elle. Elle vit finalement l’extérieur et cela lui donna un choc. Tout ces pauvres gens au sol, morts ou blessés, qui s’étaient battus pour eux. Elle passa près d’un des combattants et cru reconnaître quelqu’un. Elle se défit de cette idée et continua d’avancer. Sa petite sœur était apeurée et lui serrait la main très fort.

-         Est-ce que tout est fini Lili ?

-         Tout est fini Clory, tout est fini.

Elle se pencha et prit sa sœur dans ses bras tout en marchant. Le regard de Dermott s’arrêta sur cette jeune femme et sur la petite fille. Il avait déjà vu ces cheveux blonds. Lorsqu’elle disparut de son champ de vision il haussa les épaules.

 

Sinbad avait vu que quelque chose n’allait pas chez Maeve et ils s’étaient éloignés. Maeve lui raconta la mort de son frère.

-         Il… il a été tué par ce Tristan ! dit-elle furieusement.

Sinbad posa sa tête sur son épaule.

-         C’est fini maintenant.

Maeve ferma les yeux. Quelques larmes coulèrent encore sur ses joues. Ils restèrent enlacés un long moment. Sinbad caressait ses cheveux et Maeve se calma un peu. Elle ouvrit les yeux juste à temps pour voir une jeune femme aux cheveux blonds passer près d’eux.

-         Lili… murmura-t-elle.

La jeune femme ne se retourna pas et sortit du château en tenant contre elle une petite fille. Maeve fixa le point où elle l’avait vu durant un moment.

-         Maeve ? Qu’est-ce que tu as vu ? demanda Sinbad.

-         Cette fille… je la connais…

-         Tu es sûre ? Qui était-elle ?

-         Ma meilleure amie d’enfance, répondit Maeve. Mais elle est partie maintenant. Allons rejoindre les autres avant qu’ils ne s’inquiètent.

Sinbad acquiesça et main dans la main ils allèrent accueillir le reste des villageois.  La soirée se passa dans la tristesse puisque ce fut la cérémonie pour les décès et l’enterrement du roi. Maeve tint la main de Dermott bien fort dans la sienne. Ensuite le conseil du roi se réunit dans une salle à part avec Dermott et Maeve. Une grande question était sur toutes les lèvres. Et maintenant ? Qui allait gouverné ?

 

Pendant ce temps Sinbad se faisait soigner le bras par Firouz.

-         Firouz ! Ça brûle !

-         Ne fais le bébé Sinbad. C’est pour désinfecter.

Sinbad fit une grimace.

-         Ce n’est pas toi qui reçoit ce liquide sur le bras !

-         Je sais ce que cela fait. J’ai eu à l’expérimenter.

-         Tu expérimentes tout ce que tu inventes sur toi-même ?

-         La plupart du temps.

Firouz finit de faire le bandage.

-         Bon voilà c’est fait. Grâce à mon invention tu n’auras pas d’infection.

-         Merci Firouz, dit Sinbad en partant.

 

Il allait entrer dans la salle de conférence lorsque la porte s’ouvrit brusquement.

-         Tu n’as pas à le faire ! dit Maeve.

-         Est-ce que tu crois que j’ai le choix ? dit-il.

-         Il y a plein de personne qui pourraient prendre ce poste. Je n’accepterais jamais que tu le fasses pour moi.

-         Je le fais quand même. Je ne veux pas ruiner ta vie.

-         Tu vas le faire puisque je reste avec toi !

-         Oh non… toi tu pars, dit-il fermement.

-         Je ne te laisserai pas toi aussi Dermott.

-         Tu vas le devoir. Tu as Sinbad, Maeve, ne l’oublie pas.

Maeve l’aperçut justement. Elle partit en courant sans jamais se retourner. Sinbad regarda Dermott d’un œil interrogateur.

-         Qu’est-ce qui se passe ?

-         Il faut quelqu’un pour prendre le trône que Théod a laissé. Il se trouve que Maeve est mariée alors ce serait à elle d’en prendre la charge avec toi Sinbad. Mais je m’y suis opposé et je prends le poste à sa place. Elle ne veut pas.

-         C’est très généreux de ta part Dermott, dit Sinbad. Où est-elle allée ?

-         Je n’en ai pas la moindre idée, répondit Dermott.

En vérité il savait où sa sœur pourrait bien être. Mais il crut qu’elle avait besoin d’être seule un moment. Il en fit part à Sinbad.

-         Je vais tout de même essayer de la trouver, dit-il.

Il fit quelque pas.

-         Si j’étais à ta place j’essayerais l’Anse aux Cygnes. C’est son endroit préféré.

-         Merci Dermott.

Il sortit du château et prit la direction de la montagne. Dermott pendant ce temps alla à sa chambre. Il avait un de ces maux de tête tout à coup !

 

Il se rappela alors du chemin qu’ils avaient pris quelques mois plus tôt. Il trouva la vallée et ensuite la forêt. Il s’arrêta au même arbre et découvrit que Maeve y avait gravé ses initiales. Il marcha encore un peu et découvrit l’entrée dans la roche.

Maeve avait couru de toutes ses forces sans jamais regarder derrière elle. C’est dans des cas comme celui-là qu’elle aurait aimé avoir des ailes et s’envoler au loin, loin de tout. Là où il n’y aurait pas de problèmes et que la vie y serait simple. Elle dévala la falaise et courut jusqu’à l’étang où vivait de magnifiques cygnes blancs. Elle trouva une roche plate et s’y assit. Elle regarda au ciel et put voir que celui-ci était couvert d’étoile et qu’un quartier de lune brillait de tout son éclat. Un cygne vint dans sa direction et elle tendit la main. Le cygne se laissa caresser durant un petit moment et alla rejoindre les autres par la suite. Maeve entendit des pas derrière elle. Elle vit du coin de l’œil que c’était Sinbad. Elle ne bougea pas. Elle le sentit s’asseoir près d’elle. Après un moment il parla.

-         Dim-Dim a souvent dit que ça aidait de partager ce que l’on ressentait.

-         Et tu me l’as déjà dit aussi.

Sinbad la regarda.

-         Qu’est-ce qui se passe exactement ?

-         Dermott a déjà du te l’expliquer, dit-elle en essuyant une larme.

Elle se jeta dans ses bras. Sinbad referma doucement ses bras contre elle.

-         Ne fais que me serrer dans tes bras, murmura-t-elle.

Et c’est ce qu’il fit. Il la serra bien fort en pensant à tout cela. Il était bien reconnaissant à Dermott de vouloir se sacrifier comme cela pour lui et Maeve. Mais en même temps il songea qu’elle devrait quitter son frère. Est-ce cela qui la rendait si triste ?

 

Maeve ferma les yeux et se laissa reposer contre sa poitrine. Elle aimait tant lorsqu’il la serrait contre lui. Elle pensa ensuite à son problème. Il n’y aurait aucun problème si elle décidait de partir avec Sinbad le lendemain. Mais et son frère ? Il ne pourrait gouverner seul comme cela. Une autre larme descendit sur sa joue. On lui demandait de choisir entre Dermott et Sinbad et ça elle ne le pouvait pas. Bien sûr elle pourrait décider de gouverner mais elle ne serait jamais capable d’imposer cela à Sinbad. C’était un marin, que ferait-il sur un trône ? L’aventure qui le fait vivre, la mer qui lui permet de voyager, pourrait-il y remédier ? Elle n’osa même pas y songer.

 

Et c’est en reposant dans ses bras ce soir-là qu’elle prit la plus douloureuse des décisions de sa vie.

 

La nuit parut durer une éternité. Et cette fois, Sinbad ne fit pas de cauchemars. C’est peut-être parce qu’il ne trouva pas le sommeil. Il regarda la forme endormie près de lui. Ce serait peut-être la dernière fois qu’il pourrait la tenir de cette façon. Maeve n’avait fait part à personne de sa décision et Sinbad ne savait que penser. S’il avait eu à choisir entre Doubar et Maeve, il n’en aurait jamais été capable. Il se douta que c’était une décision très difficile pour Maeve, et peu importe la décision qu’elle prendrait, il la respecterait. Il aurait souhaiter que demain ne vienne jamais.

 

Malheureusement un soleil timide finit par se lever. Le poste de capitaine ramenait Sinbad sur Terre. Il avait des engagements sur des îles dans les environs de Bagdad et ne pouvait rester plus longtemps sur Eire. Il se leva assez tôt et essaya de ne pas réveiller Maeve en bougeant. Ce fut en vint. Elle ouvrit les yeux doucement et sourit en le voyant.

-         Je ne voulais pas te réveiller, dit-il.

-         Je n’ai pas vraiment dormi de toute façon.

Il vint s’asseoir près d’elle.

-         J’ai pris ma décision, dit-elle.

Sinbad attendit qu’elle poursuive patiemment.

-         Je pars avec vous tous, dit-elle finalement.

Un grand sourire vint illuminer le visage de Sinbad et il ne put contenir sa joie. Il serra Maeve bien fort dans ses bras et ils roulèrent sur le lit en riant aux éclats. Lorsque Maeve put se dégager elle lui fit un grand sourire.

-         Allez, j’ai faim moi. Descendons rejoindre les autres.

-         À vos ordres madame.

Il s’habilla en vitesse et ensuite ils purent sortir. En marchant dans le corridor, Maeve s’arrêta.

-         Je vais aller voir Dermott et ensuite je te rejoindrai.

-         Je peux venir avec toi si tu veux.

-         Non ça va aller.

Sinbad acquiesça et continua son chemin. Il trouva Firouz et Rongar en grande discussion sur une de ses dernières inventions.

 

Maeve cogna à la porte de la chambre de son frère.

-         Dermott, tu vas être content j’ai finalement décidé de…

Elle s’arrêta net en le voyant. Il était rouge et plein de sueur. Les couvertures étaient par terre et la fenêtre grande ouverte. Elle s’approcha tranquillement de son frère.

-         Est-ce moi ou il fait vraiment chaud ici ? demanda-t-il.

Maeve mit la main sur son front et sursauta. Il était brûlant de fièvre. Elle appela Firouz de toute ses forces.

-         Pas si fort… se plaignit Dermott.

-         Désolé.

Le scientifique arriva en quelque instant. Il allait demander ce qui se passait lorsqu’il vit Dermott.

-         Il a de la fièvre, dit Maeve. Qu’est-ce qui se passe ?

-         Laisse-moi l’examiner.

Elle se tassa et Sinbad passa un bras réconfortant autour de ses épaules. Firouz fit quelques examens et en vint à une conclusion.

-         Il a une fièvre en effet. Elle est causé par un virus dont le nom est assez étrange. Je ne vous en ferai pas la description ce serait trop long et je sais à quel point cela vous intéresserait. Au fait cela me rappelle…

-         Firouz, tiens-toi en au fait ! Il a une fièvre… comment cela se soigne-t-il ? demanda Sinbad.

-         Il a besoin de boire une tisane spéciale dont Adera m’a donné la recette lors de notre dernier voyage. Il ne devra pas quitter le lit durant une semaine, sinon il risque de s’affaiblir encore plus. Sa chambre doit être refroidi et il doit y avoir beaucoup d’aération.

-         Firouz, prépare cette recette et les autres, sortez de la chambre, dit Sinbad.

-         Je reste près de Dermott, dit Maeve.

Sinbad lui lança un dernier regard et puis sortit à son tour. Maeve s’assit et prit la main tremblante de son frère.

-         Tout va bien aller Dermott, accroche-toi, murmura-t-elle.

Elle regarda Firouz faire la tisane.

-         Il va s’en sortir, la rassura-t-il.

-         J’espère bien.

 

Lorsque le breuvage fut près, Firouz le fit boire à Dermott. Ensuite il reposa sa tête contre son oreiller et Maeve le laissa dormir. Les autres revinrent le voir un peu plus tard. Ils devaient partir dans les prochaines minutes et voulaient faire leurs adieux pendant qu’il était toujours réveillé. Il serra la main de Rongar, hocha la tête dans la direction de Talia, fit promettre à Firouz de ne pas faire exploser le bateau durant son absence et n’échappa au câlin de Doubar. Il chercha Sinbad des yeux et Doubar pointa son frère un peu plus loin sur la plage à travers la fenêtre. Sinbad lui avait fait ses adieux un peu plus tôt durant la journée. Dermott était fatigué alors ils le laissèrent se reposer.

 

Sinbad et Maeve s’étaient assis sur une grande pierre plate et regardaient le soleil se coucher sur l’océan immense. Ils discutaient de tout et de rien en essayant de passer le temps. Maeve avait sa tête reposée contre Sinbad et main dans la main ils regardaient le merveilleux couché de soleil devant eux. 

-         Maeve ?

Elle se retourna et regarda ses magnifiques yeux bleus.

-         J’ai trouvé un nom pour notre petite fille. Léa fut mon premier amour. Je ne sais pas si Doubar t’a raconté son histoire. Elle me fut prise par l’océan lorsque j’avais 8 ans. Elle avait les même cheveux roux que toi. Je trouve que c’est un nom magnifique et j’aimerais beaucoup qu’elle le porte.

-         Alors Léa sera son nom, dit Maeve. Je t’avais bien dit que nous lui trouverions un nom.

Sinbad lui sourit et l’embrassa tendrement.

-         Il est temps que nous partions sinon nous allons manquer la marée.

Il se leva tranquillement et fit quelques pas. Lorsqu’il vit que Maeve ne le suivait pas il se retourna pour découvrir qu’elle était toujours assise et une immense tristesse occupait son visage. Et alors il sut. Maeve releva la tête et essaya de retenir ses larmes. Maeve chercha biens ses mots durant un court moment. Il fallait qu’elle le lui dise. Prenait-elle la bonne décision ? Elle n’en savait trop rien.

-         Sinbad… je ne pars pas avec vous. J’ai… j’ai décidé de rester ici avec Dermott, du moins le temps que les choses s’arrangent un peu. Il ne pourra pas tout faire seul, dit-elle en essayant de retenir ses émotions. Et cette fièvre qui vient de lui arriver… cela va prendre quelqu’un, et je dois remplir mes responsabilités. Tu as les tiennes aussi à respecter. Omar compte sur toi.

Sinbad regarda au loin. Il ne trouva pas la force de la regarder en face. Pourtant il s’en était douté que cela arriverait un jour. Cairpra, Lolaya… tout avait été véridique.

-         J’aurais souhaité que cela n’arrive jamais, murmura-t-il.

Il revint tranquillement s’asseoir près d’elle. Il vit le remord dans ses yeux et savait que ce devait être encore plus difficile pour elle.

-         Tu sais Maeve, je ne suis pas obligé de partir. Doubar pourrait prendre le commandement du bateau.

-         Tu ne peux pas faire une chose pareil. Ton équipage a besoin de toi Sinbad. Tu es leur capitaine ! Et puis… tu as tellement d’aventures à vivre. Tu ne peux tout arrêter maintenant, juste à cause de moi.

-         Rien ne sera plus jamais pareil sans toi, dit-il en la regardant finalement.

Maeve ferma les yeux un moment. Sa vie non plus ne serait plus jamais la même.

-         Maeve, je ne peux imaginer ma vie sans toi. Tu vas tellement me manquer, dit-il les larmes au yeux.

-         Pas autant que toi tu vas me manquer, dit-elle en l’embrassant.

Leur baiser dura un long moment. Sinbad caressa sa joue en la regardant droit dans les yeux. Il essuya les larmes qui coulaient sur les joues de celle qu’il aimait. Maeve fit de même avec ses joues et ils partirent à rire.

-         Je ne peux supporter de te voir pleurer, dit-il entre deux sanglots.

-         Moi non plus, dit-elle en lui adressant un petit sourire.

Doubar les appela. Sinbad se retourna et vit qu’il n’y avait que lui sur la plage. Maeve leur avait fait ses adieux plus tôt. Main dans la main ils retournèrent au bateau.

-         Il est temps petit frère.

-         J’arrive Doubar.

Peu à peu leurs mains se délaissèrent et Sinbad partit rejoindre Doubar. Ils allaient commencer à pousser le bateau à l’eau.

-         Attends ! cria Maeve.

Maeve dévala la colline sur laquelle elle était montée pour voir le bateau partir à l’horizon. Sinbad courut lui aussi dans sa direction. À mi-chemin elle lui sauta dans les bras. Sinbad l’embrassa d’un long baiser passionné.

-         Je ne veux pas partir sans toi.

-         Et je ne veux pas te laisser partir.

Elle le serra bien fort dans ses bras.

-         Dès que Dermott ira mieux on trouvera bien une solution.

-         Je l’espère, dit Sinbad.

La voix de Cairpra ne cessait d’hanter son esprit.

-         Prends ceci, dit Maeve.

Elle lui tendit son foulard.

-         Je penserai chaque jour à toi, promit Sinbad.

Il la serra bien fort dans ses bras encore une fois.

-         Je t’aimerai à jamais, dit-elle.

-         Ce n’est pas comme si on n’allait plus se revoir, remarqua Sinbad.

Maeve releva la tête et leur regard se croisèrent.

-         Je t’aimerai à jamais moi aussi, dit Sinbad. Reviens-moi vite.

Il l’embrassa une dernière fois. Il avança mais sentit sa main se faire retenir par une autre. Il dégagea doucement ses doigts et partit rejoindre Doubar. Maeve resta là à les regarder regagner le bateau. En peu de temps ils mirent les voiles et le bateau commença à disparaître à l’horizon. Sinbad regarda Maeve depuis l’arrière du bateau.

-         Je t’aime, et même si tout est contre nous je reviendrai. Aucun monstre, aucune sorcière, aucune tempête ne pourra jamais me séparer de toi Maeve. Je reviendrai te chercher.

 

À suivre dans... La folie de la prêtresse