plaque d'altitude

La Montagne à Paris (2)


Les collines du centre de Paris

Tôt dans l'histoire de Paris, ses habitants lui ajoutèrent un supplément de montagnes.

Commençons par un mont effacé : le mont Superbus ou mont Orgueilleux, qui donna son nom à la rue Montorgueil y conduisant. Il fut nommé ainsi par dérision, étant constitué d'une accumulation de gravats et d'immondices que les parisiens avait usage de déposer en ce lieu. Lorsqu'un quartier y fut édifié, celui-ci prit le surnom de Ville-Neuve-des-Gravois. Vous en trouverez le point culminant rue Beauregard (Xe), à l'angle de l'église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, à 46 mètres d'altitude.
rue 
Beauregard
Pour atteindre cette crête, empruntez les quinze marches de la voie la plus courte de Paris : la rue des Degrés, longue de 5m75. En face de l'église, charmante petite chapelle dans la façade d'un immeuble.

Un autre mont de la même chaîne vous attend dans la rue Meslay toute proche, déjà remarquable par son rapport longueur/nombre d'intersections : 550 mètres sans rencontrer d'autre voie ouverte à la circulation :
rue 
Meslay
Il est plus discret puisqu'il atteint tout juste les 42 mètres d'altitude vers le n° 40 bis ( vestige de plaque au n° 40 ), assez proche du pittoresque passage du Pont-aux-biches. Troisième motif d'éjouissance, la maison natale du littérateur George Sand au n°46. La pente est plus douce sur la face Est.

Ce ne sont là que les deux principaux exemples des nombreux remblais qui séparent le cours actuel de la Seine de l'ancien bras de celle-ci, occupé aujourd'hui par les Grands Boulevards. Sous ces boulevards coule encore le ru de Ménilmontant, qui prend sa source en haut de Belleville et se jette dans la Seine près du Grand Palais qu'il déstabilise au passage. Seule une carte spécialisée vous révélerait les reliefs naturels de ces quartiers ( qui consistent en quelques secteurs dépassant les 32 mètres ).

A Paris, mêmes les vallées sont escarpées.

Jeanne Labenne, présidente de la Société historique du IXe arrondissement, nous parle de la rue La Fayette : "Géographiquement, cette rue s'inscrit entre deux reliefs montagneux qui sont devenus le quartier Montmartre et les Buttes-Chaumont. Au centre de cette vallée encaissée, longtemps marécageuse, sont nées deux gares : celle du Nord et celle de l'Est. Ce fait mérite d'être noté car il s'agit sans doute d'un cas unique au monde, au sein d'une capitale."

Mais les randonneurs avertis auront remarqué que même cette vallée recèle des escarpements : une barre montagneuse sépare en effet la rue de Maubeuge de la rue Lafayette, preuve en est qu'il faut le col de la rue Bellefond pour la franchir. Les chagrins prétendront que la physionomie pointue de la rue n'est qu'artificielle et due au besoin qu'elle éprouve d'enjamber la rue Pierre Semard d'une dizaine de mètres. Fi ! Une simple exploration des cours du n°31 ( point culminant, sûrement proche de 50 mètres ) nous fait découvrir des tables de jardin, puis un terrain de hand-ball, pièces à conviction de la proximité d'un sol naturel. Et est-ce par coïncidence que la rue porte le nom d'une abbesse de Montmartre ?

De même origine, la hauteur couronnée par l'Eglise Saint-Vincent-de-Paul ( ne rappelle-t-elle pas l'Eglise romaine Trinité-des-Monts ) témoigne plus visiblement que le Xe arrondissement n'est pas réductible aux plates étendues de ses deux chemins de fer. Il est difficile de trouver le sommet précis de ce qui est presque un plateau : le côté nord-est de l'église, à l'angle de la rue de Belzunce, est à 53 mètres.


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