HISTOIRE DE LA CIVILISATION ROMAINE



  • L'APPROVISIONNEMENT EN EAU ET EN NOURRITURE À ROME ET DANS SON EMPIRE

  • Rome, comme n'importe quelle ville à n'importe quelle époque, devait fournir de la nourriture à ses habitants, mais il y avait 1 à 1,2 millions de bouches à nourrir, et ce, répartis sur 18 km², et encore, le quart de la ville de Rome était constitué d'espaces verts. Rome était la ville la plus peuplée de l'Europe, la deuxième étant Carthage avec 200 000 habitants. La densité de la population se chiffrait à 60 000 habitants/km², celle de Montréal actuellement s'élève à environ 5 500 habitants/km². Ces chiffres paraissent absurde et c'est pourquoi on remet en question la population romaine à l'époque. Peu importe les litiges, nous allons nous fier à ces données pour l'ensemble de cet article. On comptait à Rome quelques 500 000 nécessiteux dont 300 000 recevaient l'assistance publique, c'est-à-dire logement, billets pour les jeux, distribution alimentaire (pain et huile d'olive seulement) ainsi que de l'argent pour des dépenses personnelles, le tout financé par l'État romain.

    Commençons par l'approvisionnement en eau. Les besoins en eau potable s'élèvent à environ 1 000 litres d'eau par habitant par jour, si l'on compare à Montréal où 500 litres par habitant par jour sont nécessaires. Les 1 000 litres entretenaient les 1 352 fontaines réparties à Rome, les 840 bains publics, les 144 toilettes publiques (genres de latrines) ainsi que fournir l'eau courante à ceux qui paient pour l'avoir. Une loi sénatoriale obligeait le tout a fonctionner 24 heures sur 24, très peu de ville en feraient autant de nos jours...


    Pour fournir toute cette eau, entre 11 et 19 aqueducs sillonnaient la région. La longueur des aqueducs varient entre 16,4 km et 90,7 km, mais un aqueduc menant l'eau à Carthage en mesurait 132. Ces aqueducs cueillaient l'eau dans des bassins d'épuration et de décantation dans les points surélevés de la région et le trajet des aqueducs utilisaient la faible déclinaison pour acheminer l'eau dans jusqu'à la ville. Tout le long du chemin, des bassins de décantation permettaient aux particules en suspension de se déposer et ainsi d'épurer l'eau. À la ville, l'eau s'écoulait dans un bassin de redistribution principal qui envoyait l'eau à des bassins de redistribution secondaires, puis tertiaire, etc. par des galeries souterraines, pour garder l'eau fraîche en été et au-dessus du point de congélation en hiver. L'eau était distribuée par des tuyaux en terre cuite ou de... plomb!

    Pour avoir l'eau courante, c'est-à-dire un raccordement privé à domicile, il fallait payer une taxe bien spéciale, il fallait payer un taxe sur la grosseur du tuyau qui allait nous raccorder... (en fait, le tuyau avait la même grosseur, mais on colmatait le tuyau proportionnellement au montant payé pour la taxe). La pression dans les aqueducs permettait à l'eau de gicler dans les fontaines, mais n'était pas suffisant pour monter l'eau plus haut que le premier étage des maisons.

    Maintenant, parlons de la nourriture. L'agriculture comptait pour environ 80% du PIB de l'empire, mais pour la grande majorité des gens, l'agriculture en est une de subsistance. Vous souvenez-vous des bénéficiaires de l'assistance publique? Pour les nourrir, Rome distribuait gratuitement 100 000 tonnes de blé annuellement. En Italie, la nourriture principale se composait de blé (pour faire du pain), de raisin (pour faire le vin), d'olives (pour faire de l'huile), d'épeautre (une céréale ne pouvant pas faire partie de la fabrication du pain, mais plutôt mangé en bouillie), de porc (élément quasi-essentiel du repas de l'Italien moyen) ainsi que de volaille. Les bovins, dont l'élevage était fréquent à l'époque, ne servaient pas de nourriture, mais d'animaux de trait.

    Dans ce paragraphe, nous allons voir la provenance des aliments de partout à travers l'Empire à l'époque du poète latin Martial (40 ap.. JC .-104 ap. JC)
    -Des golfes adjacents à l'Italie =====> poissons, crustacés et coquillages de la Méditerranée
    -Des forêts Laurentine et Ciminienne => gibiers
    -Des campagnes voisines à l'Italie ===>viande, laitage, fromage et légumes (choux, lentilles, fêves, laitues, raves, navets, courgettes, potirons, melons et asperges)
    -Du Picenum et de Sabine en Italie ==> huiles de toutes sortes
    -D'Espagne ==================> saumures pour assaisonner les oeufs
    -De Gaule (l'actuelle France) ======> charcuteries de toutes sortes
    -D'Orient ====================> épices
    -D'Italie et d'un peu partout =======> vins et fruits (pommes, poires, figues de Chio, citrons et grenades de l'Afrique, date des oasis, prunes de Damas)

    Les repas différaient assez des nôtres, nous allons en parler. Les repas ont changé de nom au cours des années, comme en France où le souper a été repoussé par l'apparition du petit-déjeuner, qui a repoussé le déjeuner puis le dîner. Ainsi, le "jentaculum", la "cena" et la "vesperna" ont été donné le "jentaculum", le "prandium" et la "cena". Les deux premiers repas consistaient bien souvent d'un seul verre d'eau, mais, par moment, on y ajoutait du pain et/ou du fromage. La "cena", par contre, était un repas énorme, pour les riches, il va sans dire. Ce repas consistait de sept services : les hors d'oeuvres (ou "gustatio"), trois entrées, deux rôtis et un dessert. Ce repas était si gros que les nobles devaient faire de nombreuses invitations pour être capable de venir à bout de ce dernier.

    Le vin était de mise, mais il était dilué dans de l'eau dans des proportion allant de 1/3 à 4/5. Les gens qui ne diluaient pas leur vin étaient vu comme des vicieux et des pervers. Ajouter de l'eau adoucissait le vin, mais aussi permettait de le refroidir ou de le réchauffer aux désirs de chacun. À table, le rot était permis, car, pour les philosophes, écouter sa nature était le dernier mot de la sagesse, pourtant, le "pet" était proscrit, mais certaines personnes ne s'en souciaient guère. Pire encore, certaines personnes avaient l'audace d'appeler un esclave pour que ce dernier apporte le pot de chambre pour pouvoir s'en servir à table. D'autres encore se faisaient vomir pour pouvoir ainsi manger davantage, pour pouvoir vomir encore et ainsi en manger plus, etc... Il faut faire attention, car ces derniers exemples sont des exceptions et il ne faut pas penser que tous les Romains étaient des monstres lorsqu'ils étaient à table.

    Quelques prix de la taxe:

    Aliments
    Catégories
    Deniers
    Oeuf
    La piece
    1
    Lapin de garen
    La pièce
    40
    Lievre
    La pièce
    150
    Canards
    La paire
    40
    Poulets
    La paire
    60
    Boeufs
    La livre
    8
    Porc, mouton, chevreau
    La livre
    12
    Foie gras (truie)
    La livre
    15
    Jambon
    La livre
    16
    Fromage frais
    La livre
    8
    Fromage sec
    La livre
    12
    Huile d'olive
    Le sentier
    12 à 24
    Huile d'olive superieur
    Le sentier
    40
    Vin ordinaire
    Le sentier
    8
    Vin d'appellation
    Le sentier
    24 à 30
    Miel ordinaire
    Le sentier
    20
    Miel superieur
    Le sentier
    40
    Sel (épicé)
    Le sentier
    8
    Avoine
    Le boisseau
    50
    Orge, seigle
    Le boisseau
    60
    Blé
    Le boisseau
    100

    Bibliographie :


    Texte composé par: David Lachapelle



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    Maxime Beauvais