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Programme 2004-2005

L’ART DU 20ème SIÈCLE

Plusieurs expositions récentes ont proposé des rétrospectives, partielles, de l’art du 20ème siècle. Ainsi celle du CAPC sur “L’art des années 70 “. La Tate Modern de Londres a opté pour un parti pris muséographique - “Showing the Twentieth Century” - consistant à montrer les œuvres de la collection non par époque ou par artiste mais par thèmes. Le corps, l’histoire, la vie réelle. Ainsi dans la section consacrée au corps, Rodin voisine avec Cindy Sherman et Giacometti avec Antony Gormley.
Ce parti pris vise à débrouiller les fils d’un siècle riche en innovations et en révolutions artistiques et à entamer un travail de lecture globale.
Reprenant cette attitude, je propose cette année de (commencer à) dresser un bilan de l’art du 20ème siècle.
Si l’art est témoin de son temps alors ce voyage dans l’art du 20ème siècle revient à dresser le portrait d’une époque. Histoire, sociologie autant qu’histoire de l’art seront donc au programme.
La lecture du livre d’Arnauld Pierre ( “La peinture sans aura”) sur Francis Picabia m’a fait choisir ce peintre (le seul qui sera traité sous l’angle de la monographie cette année) comme sujet de l’introduction .

Guy Poireau

 

PROGRAMME


Francis Picabia, la peinture en sursis.
Cette oeuvre est exemplaire des certitudes et des doutes de l’art du 20ème siècle.
Partagé entre conviction et dérision Picabia a (parfois) la certitude de participer à une révolution artistique moderne qui passe par la forme. Il invente avec enthousiasme l’abstraction, avant Kandinsky, mais il peut aussi pratiquer l’ironie dada propre à un siècle qui n’y croit plus, jusqu’à oser une peinture... abominable. Et puis d’ailleurs la signature suffit ... ( 2 séances)


Le portrait d’une époque :
"Mais au fait qu’est-ce qui rend nos appartements si différents, si attirants?" s’interrogeait ironiquement Richard Hamilton en 1958.
Une part de la production artistique du 20ème siècle prolonge celle des siècles précédents. Cependant, parmi les multiples mutations qu’il subit, l’art voit apparaître des sujets profanes impensables jusque là : gares et locomotives, avions et vitesse, cheminées d’usines et solitude des villes, violence et laideur, réfrigérateurs et Coca Cola.
La liberté et l’optimisme côtoient le désarroi et l’angoisse d’une époque qui n’a pas cessé de se chercher .
Ce portrait social d’une époque doit se compléter par un panoramique du foisonnement - sans précédent dans l’histoire - de redéfinitions de l’art et d’innovations formelles.


Un monde morcelé
Dès le 19ème siècle l’Impressionnisme impose une vision du monde morcelée par la peinture. Cette “explosion dans une usine de tuiles” se prolongera tout au long du siècle. Remise en cause de l’unité, de la fiabilité de la représentation, subjectivité et perte des repères, morcellement de l’image et morcellement du réel: si le monde est une énigme, l’art ne tardera pas à en devenir une.

La destruction du sujet.
Jusqu’au 19ème siècle l’image figurative - encore chargée de sacralité - se fie à la réalité. Plusieurs facteurs vont la remettre en question: la revendication de la subjectivité, le principe d’incertitude, le mouvement puis la vitesse . Abstraction, monochrome et flou pour un monde méconnaissable ou inconnaissable?


La destruction de la peinture : grille, répétition d’un motif, immédiateté gestuelle, hasard, accident, trace, empreinte, texte, signes... la pratique artistique n’a plus rien à voir avec une activité manuelle savante et codifiée. L’artiste n’est plus un technicien. Le résultat esthétique compte moins que l’attitude ou le concept .

La mort de l’art
De reniements en destructions, l’art du 20ème n’en finit pas d’annoncer la fin de l’image comme la mort de l’art. La fiction illusionniste renaissante s’épuise et l’image perd son statut .

Trouer la toile, descendre du socle, sortir de l’atelier. L’éclatement des cadres traditionnels de l’art, les nouvelles définitions d’espace(s) peuvent se penser comme une volonté d’établir des rapports plus authentiques avec le monde. L’art n’est plus sur la toile, l’art est dans la vie.

Un désir d’authenticité. Primitivismes et autres arts bruts.
Au 19ème siècle, la jeune génération d’artistes considèrent que les académismes figent l’oeuvre, et que les forces s’épuisent. Ils voudront revenir aux origines de l’art, là-bas en Polynésie ou ailleurs, plus tard loin de la culture sclérosante. L’artiste se fait chaman, l’œuvre se fait épreuve.

Matières et sentiments. Absence, hasard, ironie, anonymat, tragique, violence, solitude, dérision dans les oeuvres du 20ème ... Quels liens ces sentiments exprimés entretiennent-ils avec le rejet des matériaux nobles?

Résistances contre un monde menaçant
Le nihilisme dada - l’idiotie pure - marque profondément l’art du 20ème. Pourtant quelques artistes, tout au long du siècle, réaffirment la nécessité de rester debout.
Redonner forme au monde. Qu’ il soit engagement social, prise de conscience, nouvelle spiritualité l’art du 20ème a proposé de nouvelles voies.

Autonomie du réel par rapport à sa représentation
L’abolition de l’intermédiaire - peint ou sculpté - entre le monde et l’artiste est caractéristique des démarches artistiques à partir des années 50
Trois thématiques traditionnelles de l’art y furent particulièrement sensibles: l’objet, le corps et la nature.

L’objet. Avec Marcel Duchamp, l’objet cesse d’être un élément symbolique ou un accessoire dans le décor, pour gagner en autonomie. Cette désacralisation radicale aboutira à des accumulations d’objets, en prise directe avec une époque matérialiste et la société de consommation

Le corps
Une certaine image de l’humain. Dans la tradition artistique ( grecque), l’art a pour fonction d’ idéaliser l’humain. Au 20ème siècle, cette fonction est sévèrement remise en cause. Géométrisé, allongé, étiré, cloné, blessé, perdu dans l’espace, à l’envers, le corps n’en finit pas d’être malmené.
Passage à l’acte. Tout autant que l’objet, le corps cesse d’être une image. L’artiste affirme sa présence au monde, sa capacité à agir, à ressentir, à signifier le monde. Le corps de l’artiste devient outil de démonstration et support d’expérimentations.

L’œuvre dans la nature:
A partir du 19ème, le retour aux sources (de l’art) et l’expérience de la nature puis la sculpture ouverte sur l’espace préparent un courant nouveau aux formes multiples réuni sous le nom de land art.

 


Fin 20ème et début 21ème siècle...
Deux directions possibles :
“Arrêtez de vous prendre la tête!” La dérision et la dépolitisation des jeunes d’artistes des années 80/90 débouchent sur l’œuvre-constat, lucide et désabusée. De plus les considérations économiques et la recherche de célébrité influencent la production
ou bien
Le retour de la peinture... figurative ! Fin d’un cycle ou négation des avant-gardes? Ce dernier avatar de l’art du 20ème doit-il se considérer comme une volonté de reprendre contact avec la réalité? Plus lucidement cette fois: par l’intermédiaire d’une fiction artistique à laquelle il faudrait de nouveau croire ?


Cycle de 20 Séances annuelles
Cours tous les mardis à Agen
tous les mercredis à Pujols

Tarif
adhésion annuelle Argo : 15,5 euros
inscription art contemporain : 170 euros

Présentation et première séance:


Agen Mardi 28 Septembre 18h30
Galerie Casa, 8 rue Arago

Pujols Mercredi 29 Septembre 19h
Maison Familiale - Bosq

 

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