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L’ART DU 20ème SIÈCLE
Plusieurs expositions
récentes ont proposé des rétrospectives, partielles,
de l’art du 20ème siècle. Ainsi celle du CAPC sur “L’art
des années 70 “. La Tate Modern de Londres a opté pour
un parti pris muséographique - “Showing the Twentieth Century”
- consistant à montrer les œuvres de la collection non par époque
ou par artiste mais par thèmes. Le corps, l’histoire, la vie
réelle. Ainsi dans la section consacrée au corps, Rodin voisine
avec Cindy Sherman et Giacometti avec Antony Gormley.
Ce parti pris vise à débrouiller les fils d’un siècle
riche en innovations et en révolutions artistiques et à entamer
un travail de lecture globale.
Reprenant cette attitude, je propose cette année de (commencer à)
dresser un bilan de l’art du 20ème siècle.
Si l’art est témoin de son temps alors ce voyage dans l’art
du 20ème siècle revient à dresser le portrait d’une
époque. Histoire, sociologie autant qu’histoire de l’art
seront donc au programme.
La lecture du livre d’Arnauld Pierre ( “La peinture sans aura”)
sur Francis Picabia m’a fait choisir ce peintre (le seul qui sera
traité sous l’angle de la monographie cette année) comme
sujet de l’introduction .
Guy Poireau
PROGRAMME
Francis Picabia, la peinture en sursis.
Cette oeuvre est exemplaire des certitudes et des doutes de l’art
du 20ème siècle.
Partagé entre conviction et dérision Picabia a (parfois) la
certitude de participer à une révolution artistique moderne
qui passe par la forme. Il invente avec enthousiasme l’abstraction,
avant Kandinsky, mais il peut aussi pratiquer l’ironie dada propre
à un siècle qui n’y croit plus, jusqu’à
oser une peinture... abominable. Et puis d’ailleurs la signature suffit
... ( 2 séances)
Le portrait d’une époque :
"Mais au fait qu’est-ce qui rend nos appartements si différents,
si attirants?" s’interrogeait ironiquement Richard Hamilton en
1958.
Une part de la production artistique du 20ème siècle prolonge
celle des siècles précédents. Cependant, parmi les
multiples mutations qu’il subit, l’art voit apparaître
des sujets profanes impensables jusque là : gares et locomotives,
avions et vitesse, cheminées d’usines et solitude des villes,
violence et laideur, réfrigérateurs et Coca Cola.
La liberté et l’optimisme côtoient le désarroi
et l’angoisse d’une époque qui n’a pas cessé
de se chercher .
Ce portrait social d’une époque doit se compléter par
un panoramique du foisonnement - sans précédent dans l’histoire
- de redéfinitions de l’art et d’innovations formelles.
Un monde morcelé
Dès le 19ème siècle l’Impressionnisme impose
une vision du monde morcelée par la peinture. Cette “explosion
dans une usine de tuiles” se prolongera tout au long du siècle.
Remise en cause de l’unité, de la fiabilité de la représentation,
subjectivité et perte des repères, morcellement de l’image
et morcellement du réel: si le monde est une énigme, l’art
ne tardera pas à en devenir une.
La destruction
du sujet.
Jusqu’au 19ème siècle l’image figurative - encore
chargée de sacralité - se fie à la réalité.
Plusieurs facteurs vont la remettre en question: la revendication de la
subjectivité, le principe d’incertitude, le mouvement puis
la vitesse . Abstraction, monochrome et flou pour un monde méconnaissable
ou inconnaissable?
La destruction de la peinture : grille, répétition
d’un motif, immédiateté gestuelle, hasard, accident,
trace, empreinte, texte, signes... la pratique artistique n’a plus
rien à voir avec une activité manuelle savante et codifiée.
L’artiste n’est plus un technicien. Le résultat esthétique
compte moins que l’attitude ou le concept .
La mort
de l’art
De reniements en destructions, l’art du 20ème n’en finit
pas d’annoncer la fin de l’image comme la mort de l’art.
La fiction illusionniste renaissante s’épuise et l’image
perd son statut .
Trouer
la toile, descendre du socle, sortir de l’atelier. L’éclatement
des cadres traditionnels de l’art, les nouvelles définitions
d’espace(s) peuvent se penser comme une volonté d’établir
des rapports plus authentiques avec le monde. L’art n’est plus
sur la toile, l’art est dans la vie.
Un désir
d’authenticité. Primitivismes et autres arts bruts.
Au 19ème siècle, la jeune génération d’artistes
considèrent que les académismes figent l’oeuvre, et
que les forces s’épuisent. Ils voudront revenir aux origines
de l’art, là-bas en Polynésie ou ailleurs, plus tard
loin de la culture sclérosante. L’artiste se fait chaman, l’œuvre
se fait épreuve.
Matières
et sentiments. Absence, hasard, ironie, anonymat, tragique, violence,
solitude, dérision dans les oeuvres du 20ème ... Quels liens
ces sentiments exprimés entretiennent-ils avec le rejet des matériaux
nobles?
Résistances
contre un monde menaçant
Le nihilisme dada - l’idiotie pure - marque profondément l’art
du 20ème. Pourtant quelques artistes, tout au long du siècle,
réaffirment la nécessité de rester debout.
Redonner forme au monde. Qu’ il soit engagement social, prise de conscience,
nouvelle spiritualité l’art du 20ème a proposé
de nouvelles voies.
Autonomie
du réel par rapport à sa représentation
L’abolition de l’intermédiaire - peint ou sculpté
- entre le monde et l’artiste est caractéristique des démarches
artistiques à partir des années 50
Trois thématiques traditionnelles de l’art y furent particulièrement
sensibles: l’objet, le corps et la nature.
L’objet. Avec Marcel Duchamp, l’objet cesse d’être un élément
symbolique ou un accessoire dans le décor, pour gagner en autonomie.
Cette désacralisation radicale aboutira à des accumulations
d’objets, en prise directe avec une époque matérialiste
et la société de consommation
Le corps
Une certaine image de l’humain. Dans la tradition
artistique ( grecque), l’art a pour fonction d’ idéaliser
l’humain. Au 20ème siècle, cette fonction est sévèrement
remise en cause. Géométrisé, allongé, étiré,
cloné, blessé, perdu dans l’espace, à l’envers,
le corps n’en finit pas d’être malmené.
Passage à l’acte. Tout autant que l’objet,
le corps cesse d’être une image. L’artiste affirme sa
présence au monde, sa capacité à agir, à ressentir,
à signifier le monde. Le corps de l’artiste devient outil de
démonstration et support d’expérimentations.
L’œuvre
dans la nature:
A partir du 19ème, le retour aux sources (de l’art) et l’expérience
de la nature puis la sculpture ouverte sur l’espace préparent
un courant nouveau aux formes multiples réuni sous le nom de land
art.
Fin 20ème et début 21ème siècle...
Deux directions possibles :
“Arrêtez de vous prendre la tête!” La dérision et la dépolitisation des jeunes d’artistes
des années 80/90 débouchent sur l’œuvre-constat,
lucide et désabusée. De plus les considérations économiques
et la recherche de célébrité influencent la production
ou bien
Le retour de la peinture... figurative ! Fin d’un
cycle ou négation des avant-gardes? Ce dernier avatar de l’art
du 20ème doit-il se considérer comme une volonté de
reprendre contact avec la réalité? Plus lucidement cette fois:
par l’intermédiaire d’une fiction artistique à
laquelle il faudrait de nouveau croire ?
Cycle de 20 Séances annuelles
Cours tous les mardis à Agen
tous les mercredis à Pujols
Tarif
adhésion annuelle Argo : 15,5 euros
inscription art contemporain : 170 euros
Présentation et première séance:
Agen Mardi 28 Septembre 18h30
Galerie Casa, 8 rue Arago
Pujols Mercredi
29 Septembre 19h
Maison Familiale - Bosq