LE SIEGE DU JAPON

Largage de bombes au dessus du Japon

 

Alors que la guerre en est à ses derniers sursauts, le Japon est en très mauvaise posture. Okinawa est tombé et les Américains sont aux portes du Japon. Depuis le début de la guerre, 7 millions de tonnes de navires de la marine marchande japonaise ont été coulées et 60% de ce nombre l'ont été par des sous-marins américains. Il ne reste plus qu'un million de tonne de navires marchands en état de naviguer et ils ne peuvent voyager que dans la partie sûre: entre le Japon et la Mandchourie.

Les sous-marins américains continuent à faire des ravages: le 21 novembre 1944, le Sealion II (capitaine de frégate Reich) coule le croiseur Kongo dans les environs de Formose, le 27 l'Archerfish coule le porte-avions Shimano (un cuirassé géant de la classe du Yamato transformé en porte-avions de 65 000 tonnes avec un pont de 300m) 22h après sa 1ère sortie de Tokyo.

Les bombardements de plus en plus constants par l'aviation américaine ont réduit grandement les capacités industrielles du Japon. Les raids ont commencés en juin 1944 grâce à l'arrivée dans l'aviation américaine des B-29 Superforteresses qui, avec leur grand rayon d'action, peuvent opérer à partir de la Chine et du Bengale, mais les résultats ne sont pas frappant à cause de la présence de la chasse japonaise et lorsqu'en 1945 les Japonais font une offensive en Chine, l'opération est terminée. Il faut donc attendre la prise américaine de Saïpan et de Guam pour voir reprendre les bombardements. Le 21e Bomber Command sous les ordres du général Hansell s'installe dans les Mariannes et les premiers raids sont effectués à haute altitude et de jour, mais là encore la chasse japonaise se fait menaçante et les pertes américaines s'évaluent à plus de 5%.

Avec la prise d'Iwojima et le changement de commandant, le nouveau étant le major-général Curtis E. Le May, le 21e Bomber Command entreprend une nouvelle tactique de bombardement: des bombes incendiaires (napalm) et explosives sont larguées sur les objectifs de nuit et à moyenne altitude (1500m). Les mitrailleuses des bombardiers sont retirées pour augmenter la charge des bombes puisque la défense japonaise est complètement nulle de nuit. Le plan est que les édifices japonais sont fait de bois et de papier: les villes brûlent beaucoup plus facilement que les villes européennes. Pour compléter le tout, contrairement à l'Europe, le Japon ne possède pratiquement pas de défense passive: de pompiers; par exemple, Tokyo possédait 11 000 pompiers âgés de 13 à 17 ans qui couvraient les 340km carrés et les 8 millions d'habitants. Les stratèges visent alors les grandes villes où l'industrie de l'armement est encore opérationnelle, comme Tokyo, Osaka, Yokohama, Kobe et Nagoya.

Dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, 320 B-29 (6tonnes de bombes chaque) font un raid incendiaire sur Tokyo en déversant 1667tonnes de bombes, répétant et dépassant ainsi le Hambourg européen. À 0h15, les deux premiers bombardiers larguaient leurs bombes en suivant des axes perpendiculaires pour définir une croix de feu sur la ville. Avec un vent de 45km à l'heure, 33km carrés de la ville sont incendiés et 100 000 civils sont tués: ébouillantés dans leur piscine où ils s'étaient réfugiés, asphixié par le manque d'oxygène ou brûlé vif; sans compter les quelques 100 000 autres blessés. Ce super raid coûta 14 B-29 aux Américains, dont plusieurs furent avariés par les courants ascendants dû aux incendies qui projetaient débris et avions à 2000m d'altitude. Au cours de la semaine qui suit les raids continue sur les 5 principales villes: 12 mars, Nagoya, 286 bombardiers détruisent 5km carrés; 14 mars, 2240 tonnes de bombes détruisent 14 km carrés de la ville d'Osaka; Kobe est réduit de 5km carrés le 16; Nagoya reçoit la visite de 300 B-29 le 22 mars et de leur chargement de 2000 tonnes; le 29 mai Yokohama est détruit à 85 pourcent par 460 bombardiers pendant que du 13 avril au 26 mai, Tokyo endure 4 raids d'environ 400 appareils chaque et éliminant quelques 60km carrés. Avec ces raids de nuit, les pertes américaines sont réduites à 1,4% des forces engagées. Les mois qui suivent voient les raids nocturnes continuer. Au 17 juin, les 5 grandes cités ont perdu plus de 80 pourcent de leur potentiel industriel. La seule grande ville qui est épargnée est Kyoto, pour des raisons religieuses. En juin, les villes moyennes (350 000 habitants), environ 25, sont aussi attaqués. À partir du 12 juillet, c'est les villes de 100 000 habitants qui sont attaqués

Au début les Mariannes avaient 350 appareils dans leurs aérodromes et en avril 1945 le nombre a doublé pour atteindre 1050 à la fin de la guerre. La dernière étape mise en place par Curtis Le May est le retour des raids de jour à moyenne altitude car la DCA japonaise à été de beaucoup réduite, la chasse japonaise ne se risque plus grâce à la présence de chasseurs américains Mustang et Thunderbolt qui partent de Iwojima. Dans les dernières semaines de la guerre, même les chasseurs font des raids par vagues de 1000 appareils sur les ports, les terrains d'aviation, les transports et les industries. En plus, du 13 au 17 juillet, une flotte anglo-américaine (Task Forces 37 et 38) se déplaça le long de la côte japonaise pour y bombarder les ports d'Hakodate et de Muroran; pilonner (avec les croiseurs et cuirassés de la 3e flotte qui s'était approché à 28 000m) les industries de Kamaishi, de Wanishi et d'Hitachi. Le 23 juillet, ce fut au tour des navires japonais survivants de recevoir des obus: le croiseur Haruna et les cuirassés Ise et Hyuga furent coulés tandis que 4 autres croiseurs et 3 porte-avions étaient mis hors de combat. Il ne restait donc plus que le cuirassé Nagato comme grand bâtiment pouvant prendre la mer. Pour compléter le tout, les sous-marins américains faisaient sentir leur présence dans la mer du Japon où ils harcelaient les communications.

Lorsque la guerre sera terminée, l'aviation aura pour bilan d'avoir bombardé sérieusement 40 villes et d'avoir perdu 441 B-29. En tout, 69 villes ont été bombardées et elles rapportent que 300 000 personnes sont mortes, 450 000 sont blessées et 15 000 000 sont sans abri des 290km carrés de bâtiments rasés. À elle seule, la ville de Tokyo offre un bilan de 90km carrés réduit en cendre par 11 800 tonnes de bombes.


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