René Julien - Le billet de la semaine

ÉCRIVAIN PUBLIC



Réflexion faite!...


L'auteur est écrivain public



À l’échelle de la planète, il appert que plus de 90% des personnes infectées au VIH et au SIDA se retrouvent en Afrique et plus précisément au Zaïre et en Afrique du Sud ainsi qu’au Botswana et au Zimbabwe où, selon les dernières statistiques, de 30 à 40% des jeunes filles âgées entre 13 et 19 ans seraient infectées, ce pourcentage étant de 20% en Afrique du Sud en particulier, sans compter tous les autres segments de la population également fortement à risque et qui sont largement infectés, dont les femmes âgées de plus de 19 ans qui sont réputées être sexuellement très actives et qui sont en état de procréer.

Il est par ailleurs établi que la majorité de toutes ces jeunes filles et femmes africaines, pour la plupart des noires, se retrouvent enceintes plus souvent qu’autrement et dans tous les cas à une fréquence largement supérieure à celle à laquelle procréent leurs semblables occidentales,toute comparaison en la matière ne faisant pas le poids de toute évidence.

Le fait que ces jeunes filles et ces femmes ainsi que la population de ces pays en général soient très orientées vers les religions, la religion catholique et l’Islam en particulier, pour ne pas dire qu’elles en sont dépendantes, et fort probablement dans une trop grande mesure, n’est certainement pas étranger à la situation considérant le discours de ces religions sur le sujet, ce qui n’exclut pas pour autant les autres facteurs pouvant expliquer ce haut taux de natalité comme le faible niveau d’instruction et les carences généralisées en matière d’éducation, ainsi que l’extrême état de pauvreté dans lequel se retrouvent ces populations et plus particulièrement la gente féminine dont l’état de dépendance est alarmant.

Ceci dit, les statistiques sont à l’effet qu’en Afrique du Sud seulement pas moins de 30 millions d’enfants nés de mères infectées au VIH et au SIDA meurent chaque année parce que leurs mères n’ont pas été traitées en conséquence pendant leur grossesse alors que des traitements appropriés existent et sont scientifiquement et médicalement reconnus comme étant généralement effectifs et sécuritaires, permettant notamment d’éviter la propagation de l’épidémie aux enfants à naître durant les 4 premières années de leur vie au moins et les épargnant par le fait même d’une mort quasi certaine.

Or, d’après les études faites sur le sujet, il n’en coûterait que 12 millions de dollars américains pour traiter préventivement les mères ainsi affectées et qui ne peuvent s’offrir elles-mêmes la médication en question, évitant ainsi qu’elles ne transmettent le virus à leur progéniture, ce à quoi les dirigeants du pays et en particulier la très Honorable Ministre de la Santé, surnommée "BabyKiller", rétorquent que le pays n’a pas les moyens de se permettre pareille dépense, réplique qui prend toute son importance lorsque l’on constate en contrepartie que le budget de la défense de l’Afrique du Sud commande à lui seul des dépenses de l’ordre de plus de 8 milliards de dollars américains.

Mise à part l’excuse avancée par les dirigeants à l’effet que le pays n’a pas les moyens de se payer pareils traitements, certaines d’entre eux prétendent vouloir éviter de retomber dans le colonialisme d’une époque encore toute récente par le fait que si on venait en aide aux mères dont la condition le nécessite le pays serait obligé d’acheter la médication nécessaire des pays occidentaux dont on dépendrait encore d’une certaine façon puisqu’ils sont les seuls en fait à pouvoir l’offrir actuellement. Toute une excuse!….

Par ailleurs, d’autres tenants de la non intervention médicale durant la grossesse, sachant que les jeunes filles et femmes enceintes infectées,une fois le processus de médication entrepris, devraient ultimement cesser d’allaiter leurs enfants et pour les nourrir avec les formules alimentaires toutes faites fabriquées par les multinationales, prétendent devoir éviter de recourir à cette solution et appuient leurs dires et leurs craintes à ce chapitre sur le fait que des millions de bébés allaités et nourris autrement qu’au sein maternel durant les années 70 sont morts à cause de la présence de bactéries dans les aliments fabriqués et vendus par les multinationales durant cette période, ce qui est un fait incidemment, sauf que la situation a changé depuis.

Imaginons pour un moment que cet entêtement de l’administration blanche du pays à refuser les soins à toutes ces mères enceintes dont lacondition le requiert et qui ne peuvent se permettre elles-mêmes de s’offrir cette médication était le fait de l’ancienne administration blanche!….Les accusations liées au racisme et au génocide auraient depuis longtemps commencé à pleuvoir de toutes parts.

Assumant que les excuses avancées par l’administration actuelle tiennent de la frime et de la démagogie, ce qui semble l’évidence même,qu’est-ce qui peut bien motiver les autorités à avoir choisi de mettre ainsi en péril et de laisser mourir une portion si importante de la population et en particulier la repousse à même laquelle le pays est appelé à se régénérer?

Serait-ce que les autorités, pour une raison quelconque, ne voudraient pas de cette repousse d’enfants de race noire parce qu’il y aurait déjà trop d’enfants noirs et qu’on voudrait, à tout le moins temporairement, favoriser l’émergence d’un plus grand nombre de naissances d’enfants de race blanche, ou encore parce qu’on voudrait contrôler la natalité pour toute autre raison? Qu’est-ce qui peut bien motiver un pareil choix?

Les paris sont ouverts. Il serait intéressant dans tous les cas de savoir qui est derrière cette politique, étant entendu que la Ministre de la Santé du pays, tout comme les autres dirigeants impliqués dans l’élaboration et le maintien de cette politique, ne devraient logiquement être que des marionnettes dans tout ce débat.

Chose certaine, vue de l’extérieur et de manière objective, ce type de choix peut paraître pour certains et à plus d’un égard en être de nature criminelle et suscite bien des interrogations, c’est le moins que l’on puisse dire. De quoi faire froncer bien des sourcils!

Plusieurs des éventuels participants à la Conférence mondiale sur le Sida qui doit avoir lieu l’an prochain à Durban en Afrique du Sud ont manifesté leur intention de boycotter la Conférence pour démontrer leur désaccord eu égard au choix politique des autorités en place en la matière. Compte tenu des énormes intérêts financiers en jeu, d'aucuns prétendront que leurs démarches ont bien des chances de s’avérer vaines dans les circonstances. Nous verrons bien en temps et lieu.



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